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La plus vieille église de la ville (l’édifice primitif fut bâti au XIIIè siècle), désormais affectée au culte protestant, penche depuis des siècles du côté où elle ne tombe pas (sa tour de 75 mètres est deux mètres hors de l’aplomb).

Véritable cimetière (environ 400 personnes y reposent) témoignant de la prospérité de la ville lors du Siècle d’or, le XVIIè, elle recèle de nombreuses pierres tombales, pour l’essentiel des dalles, souvent sculptées, qui composent son pavage.

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On vient ici avant tout pour lui dont la peinture continue d’irradier quatre siècles après sa mort : Johannes Vermeer (1632-1675).
L’artiste, qui ne quitta jamais sa ville natale, est un mort discret dont on ne remarquerait pas l’emplacement de la dalle funéraire sans la présence d’un petit pupitre. Il décéda sans ressource et fut inhumé dans le caveau de sa belle-mère. Sa reconnaissance fut posthume (on ne rappellera pas ici ce qu’il représentait pour Marcel Proust qui considérait sa Vue de Delft comme le plus beau tableau du monde).

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Plus loin, une autre inscription à même le sol porte son nom ainsi que le blason de Luc car l’artiste faisait partie de la Guilde de Saint-Luc.

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D’autres personnalités, moins connues des Français, y reposent aussi :

Reinier de Graaf (1641-1673), médecin et anatomiste, spécialiste du pancréas.

Piet Hein (1577-1629), amiral et corsaire qui s’empara de nombreux galions espagnols dans la mer des Caraïbes (il prit aussi Salvador de Bahia aux Portugais et ses troupes pillèrent alors la colonie). Mort en combattant les Dunkerquois, il est demeuré une figure populaire de la culture néerlandaise. Son nom est petit, ses faits sont grands.
Extraordinaire gisant de marbre blanc (le matelas ouvragé sur lequel il repose est taillé dans le même bloc). Son épitaphe proclame : Pleurez, vous, les Provinces-Unies des Pays-Bas, la perte du défunt dont les mérites glorieux envers la République ne lui permettront pas de connaître le sort des mortels.

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Anthonie Heinsius (1641-1720), homme politique, gouverneur de la Compagnie des Indes Orientales, adversaire irréductible de Louis XIV et de sa politique expansionniste.

Antonie van Leeuwenhoek (1632-1723), tut à la fois drapier et biologiste. Il perfectionna à ce point les microscopes qu’il fut le découvreur des protozoaires, des spermatozoïdes ainsi que de l’existence des bactéries. Haute stèle dans la croisée nord du transept.

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Elisabeth Morgan (vers 1545 – vers 1601), fille de Philips van Marnix, seigneur de Sainte-Aldegonde à qui on attribue les paroles de l’hymne national néerlandais.

Clara van Spaerwoude (vers 1530-1615), philanthrope. Fille d’un riche orfèvre de la ville, elle créa une fondation pour venir en aide à ses descendants lors de leur mariage.
Son épitaphe (l’église en comptait 250 au XVIIIè siècle) fut une des seules à échapper aux profanations des soldats français ivres d’égalité qui, vers 1800, voulaient effacer toute différence de statut social jusque dans la mort.

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Maarten Tromp (1598-1653), amiral, héros de la révolte des gueux (qui marqua dans le domaine maritime la fin de la suprématie espagnole); le défunt est montré gisant, la tête appuyée sur un canon, le corps étendu sur un gouvernail, veillé par une foule d’anges en pleurs. Il mourut à la bataille de Scheveningen contre les Britanniques.

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Hendrick Cornelisz van Vliet (1611-1675), peintre. Un de ses plus fameux tableaux représente précisément l’intérieur de cette église.

Adresse :
Heilige Geestkerkhof 25.

Horaires :
Du 1er février au 31 mars, du lundi au samedi : 10h – 17h.
Du 1er avril au 31 octobre, du lundi au samedi : 10h – 18h.
Du 1er novembre au 31 janvier : du lundi au vendredi : 11h – 16h; le samedi : 10h – 17h.

Entrée payante (gratuit jusqu’à 11 ans, tarif réduit pour les moins de 18 ans et les étudiants de moins de 25 ans).
Le billet d’entrée permet de visiter aussi la Nouvelle Église (Nieuwe Kerk) où repose Guillaume 1er d’Orange-Nassau (la nécropole royale, elle, n’est pas accessible au public).

Le sens pratique des Néerlandais n’est plus à vanter : entre les deux églises, un café vous est offert dans un estaminet sur présentation de votre billet. Quant aux toilettes modernes installées à l’intérieur même de la Vieille Église, elles soulagent peut-être quelques pèlerins imprévoyants mais nuisent à la grandeur du lieu.

Autres articles sur les Pays-Bas :
Amsterdam, cimetière de Zorgvlied (Zorgvlied Begraafplaats).