Il s’agit, en fait de cimetière, d’un ossuaire situé au bord d’une petite route où reposent 133 soldats français morts le 5 septembre 1914 lors de la bataille de l’Ourcq.
Parmi eux, l’écrivain Charles Péguy (1873-1914) qui, frappé d’une balle en plein front, mourut dans les blés qu’il avait chantés :
Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle.
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,
Parmi tout l’appareil des grandes funérailles.
(…)
Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.
Heureux les épis murs et les blés moissonnés.
Celui que le XXè siècle finissant ne sut comprendre, en raison de son mysticisme et de son patriotisme (Jean Yanne lui-même railla ses envolées lyriques), semble aujourd’hui sortir du purgatoire, exalté par des écrivains aussi différents que Sylvain Tesson, qui a remarqué combien la scansion de ses vers aidait le marcheur dans son périple, ou Yann Moix, qui vante sa drôlerie.
Lieutenant de réserve, il tomba héroïquement à la tête de sa compagnie qui avait reçu l’ordre de charger l’ennemi à la baïonnette pour s’emparer du village voisin de Monthyon. L’endroit exact est situé dans le champ en-deçà de l’ossuaire (la grande croix désormais érigée non loin, au carrefour, fut déplacée à la demande du propriétaire du champ).
Son nom figure en haut et à droite de la stèle.
Rappelons que tout près, au cimetière de Monthyon, repose une célébrité fort éloignée de Charles Péguy : Jacques Chazot.