Un des plus beaux cimetières d’Espagne (exigu et cerné par les immeubles modernes mais parfaitement entretenu et fleuri) qui ajoute à sa valeur historique une grande richesse botanique. Désormais géré par une fondation privée, il impose une entrée payante (modique).
À inscrire absolument à son programme de découverte de la ville !

Passé le portail (discret) orné de deux lions, voici le texte français qui informe le visiteur :

Époque : XIXè siècle. Premier cimetière protestant de la péninsule ibérique, il fut créé pour résoudre le problème de l’inhumation des sujets britanniques de cette confession décédant à Malaga.
À la demande de William Mark, consul britannique de S. M. de l’époque, avec le soutien du général Manzo, gouverneur de Malaga, le 21 novembre 1829, la municipalité céda au gouvernement britannique le terrain situé au n° 1 de l’avenue de Pries, cession qui fut ensuite confirmée par l’ordonnance royale du 11 avril 1830.
Le premier enterrement eut lieu le 22 janvier 1831. Le cimetière abrite d’importants personnages de la vie économique, sociale et culturelle de la ville comme Gerald Brenan, Jorge Guillén et Joseph Noble. En 2006, la propriété du cimetière fut transférée à la Fondation Cementerio Inglés de Málaga, organisation à but non lucratif, qui est aujourd’hui chargée de sa gestion et de son entretien. En novembre 2012, il fut inscrit au Registro de Bienes de Interés Cultural du gouvernement régional d’Andalousie.

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L’amateur de tombeaux se réjouira ici devant la variété et la disposition des monuments.

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Les occupants les plus célèbres sont :

Robert BOYD (1805-1831), héros romantique et révolutionnaire. Originaire de Londonderry (Irlande du Nord), il suivit le général libéral espagnol Torrijos, ancien ministre de la Guerre, par ailleurs ami de La Fayette, dans sa révolte contre le retour à l’absolutisme de Ferdinand VII. Leur débarquement déjoué grâce à une embuscade par le gouverneur de Malaga, les conjurés furent fusillés sans jugement sur la plage de San Andreas.
Un tableau célèbre, et immense, d’Antonio Gisbert, montre l’exécution. Il est visible à Madrid, au musée du Prado. Robert Boyd en est la figure centrale, cheveux roux, poings serrés.

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Il fut un des premiers défunts inhumés dans ce cimetière.

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Gerald BRENAN (1894-1987), écrivain britannique. Né à Malte, il passa l’essentiel de sa vie en Espagne.

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Son Labyrinthe espagnol, origines sociales et politiques de la Guerre civile (1943, traduit en français en 1962), analysant l’histoire de l’Espagne dans le contexte de la guerre civile, demeure un ouvrage de référence.

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Le film espagnol Al Sur de Granada (2003) est une adaptation de son livre autobiographique South from Granada (1957).

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Il repose dans une tombe voisine de celle de sa femme, la poétesse et romancière américaine Gamel WOOLSEY (1895-1968), demi-soeur du juge John Woolsey qui avait autorisé en 1933 la publication d’Ulysse de James Joyce.

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John GOODNOW (1858-1907), diplomate américain. Il fut consul à Shanghai de 1897 à 1905.

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Francis GRAHAM-BELL (1922-1994), colonel d’aviation britannique.

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Marjorie GRICE-HUTCHINSON (1909-2003), économiste britannique. Elle enseigna à l’université de Salamanque. On lui doit également un ouvrage consacré à ce cimetière.

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Jorge GUILLÉN (1893-1984), poète et critique littéraire espagnol, membre de la célèbre Génération de 27 (Generación del 27 )

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Aarne HAAPAKOSKI (1904-1961), écrivain finlandais, également connu sous le pseudonyme d’Outsider.

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Cecil HOPE-GILL (1894-1984), diplomate anglais.

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Karl KRETSCHMANN (1854-1900), marin allemand, commandant de la frégate à trois-mâts SMS Gneisenau qui s’échoua le 16 décembre 1900 sur les rochers près de Malaga. Il périt avec quarante de ses marins mais le naufrage fut aussi fatal à des habitants de la ville venus porter secours.

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Trois monuments dans ce même cimetière : la tombe, individuelle, du commandant, celle de l’ingénieur Richard PRÜFE (1860-1900) dont le socle de l’obélisque s’orne d’un bas-relief montrant la catastrophe, et celle, collective, des marins.

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George LANGWORTHY (1865-1946), philanthrope anglais. Natif de Manchester, il s’établit en Espagne avec son épouse dès la fin du XIXè siècle. Veuf à quarante ans, il commença à distribuer sa fortune aux pauvres et aux malades, donnant une peseta (soit de quoi nourrir une famille durant une journée) en échange d’une prière. On estima ses dons à plus de douze millions de pesetas. Il fut aussi à l’origine de la vocation touristique de la région en ouvrant un hôtel à Torremolinos.

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William MARK (1782-1849), diplomate anglais. Consul à Malaga de 1824 à 1836, il fut à l’origine de ce cimetière en sa faisant concéder le terrain par les autorités municipales.

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Joseph William NOBLE (1797-1861), médecin et homme politique anglais, maire de Leicester de 1841 à 1859, membre du Parlement, mort à Malaga, victime de l’épidémie de choléra. Ses filles dotèrent la ville d’un hôpital portant son nom dont les bâtiments sont aujourd’hui occupés par des bureaux municipaux.

Mary Ann PLEWS (1868-1911). Tombe remarquable par la statue d’ange qui la surmonte.

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L’endroit comporte également une église anglicane, la plus ancienne d’Espagne continentale (1891, soit vingt-deux ans après la reconnaissance par la Constitution espagnole de la liberté de culte), dédiée à St-George, et à laquelle on accède par l’entrée principale.

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Signalons aussi la tombe d’un bébé, Violette, qui vécut moins d’un mois (24 décembre 1958 – 23 janvier 1959) et dont l’épitaphe fait référence, en français !, à son prénom : … ce que vivent les violettes…

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Et, dans un tout autre registre, celle, extraordinaire, d’une femme décédée en 1979 qui énumère les noms de ses trois maris et se conclut ainsi :
So many men, never The Man…
Arg-h, men !

Nous quitterons le lieu à regret en fixant dans notre mémoire sa forme et ses couleurs,

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et avec un ultime regard pour celui qui le connaît peut-être le mieux.

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Adresse :
Avenida de Pries, 1.

Horaires :
Selon le site officiel du cimetière :
Du lundi au vendredi : 9h – 15h.
Samedi et dimanche : 10h30 – 15h.
Entrée payante (mais accès libre de 9h à 10h, du lundi au vendredi) :
3€, 2 € (moins de 18 ans, plus de 65 ans, étudiants de moins de 26 ans, groupes), gratuit pour les enfants de moins de 12 ans et, bien sûr, les familles des défunts.

Attention, j’ai photographié sur place un panneau disant que le site n’était accessible que du mardi au dimanche et seulement de 10h à 14h.

Autres articles sur l’Espagne :
Ávila, cathédrale (Catedral del Salvador de Ávila).
Cordoue, Cimetière Notre-Dame de la Santé (Cementerio Nuestra Señora De La Salud)
Cordoue, Mosquée-cathédrale.
Figueres, Théâtre-Musée Dalí (Teatre-Museu Dalí).
Madrid, église Saint-Martin-de-Tours (iglesia San Martín de Tours).
Madrid, Panthéon des hommes illustres (Madrid, Panteón de los hombres ilustres).
Salamanque, église et couvent Saint-Étienne (convent San Esteban).
22 juillet 2012 : Passe, perd et Salamanque.
15 octobre 2014 : Thérèse d’Avila, la sainte démembrée.
25 octobre 2019 : Franco, de la Valle de los Caídos au cimetière de Mingorrubio.
20 décembre 2020 : Luis Carrero Blanco, « premier astronaute espagnol ».