Ses tours dissymétriques dominent la ville. Édifiée au XIVè siècle mais en grande partie détruite lors des guerres de religion, elle ne fut achevée qu’au XIXè.
Ce n’est pas ici la statuaire funéraire qui attire l’oeil mais la présence d’une crypte vénérable où avait été enterré Saint Privat (IIIè siècle), patron du Gévaudan.

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Le texte exposé dans la cathédrale étant précis et complet, je le recopie ici à l’attention de ceux qui ne pourront se rendre sur place :

Saint Privat : le premier évangélisateur du Gévaudan.
La liste des évêques du diocèse de Mende classe Saint Privat à la seconde place après Saint Séverien. La vie de Saint Privat la plus sûre est due à Grégoire de Tours dans l
‘Histoire religieuse des Francs écrite vers 580.
Le chanoine Félix Remize, dans sa magistrale étude sur ce glorieux patron de diocèse, étudie d’une manière sérieuse et avec un souci historique constant, les circonstances de son martyre qu’il situe lui aussi entre 255 et 260 de notre ère.
Saint Privat reste un évêque historique. D’après plusieurs auteurs, son origine auvergnate serait le bourg de Coudes dans le Puy-de-Dôme. Un office du XIIè s. parle de « Privat homme pieux, instruit et très doux, remarquable par sa science ».
Il s’était aménagé une grotte sur le bord du mont Mimat et ne descendait que pour présider les réunions des premiers chrétiens à Mende. Il distribuait ses biens aux pauvres avec largesse : « Toujours croumpa et jamès vendré sourtiguet Saint Privat de Mende » ce qui a fait écrire le proverbe « En achetant trop cher et en vendant à trop bon compte, Saint Privat se ruina ».
Ces premiers siècles de christianisation sont le théâtre d’invasions multiples en Gaule.
Notre Gévaudan, ou pays gabale, vit déferler les hordes de Chrocus sous les empereurs Valérien et Gallien. Elles anéantissaient Javols, la capitale, ravageant tout sur leur passage. Les habitants de la région s’étaient réfugiés sur le pic de Grèzes : ils tinrent en échec les envahisseurs pendant deux ans.
Ces derniers, recherchant les chrétiens, apprirent que l’évêque Privat vivait dans sa grotte du Mimat. Ils se saisissent de lui et le forcent à demander à son peuple la capitulation. Renonçant à toute dénonciation, Privat est maltraité et battu sur la « colline du bourreau » aujourd’hui St Ilpide. On le somme d’adorer et de sacrifier aux idoles.
Poussé jusqu’au « Viculus de Mimate », flagellé, on le laisse pour mort après lui avoir brûlé les chairs avec des torches. Les fidèles recueillent son dernier soupir et déposent ses restes dans un tombeau creusé sur l’emplacement de la crypte actuelle : cet « arcosolium » verra des foules innombrables vénérer ses reliques.

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En sortant de la chapelle du Sacré Coeur, une visite à la crypte de Saint Privat s’impose. Une balustrade en fer délimite l’accès de descente d’une vingtaine de marches. Les visiteurs et pèlerins peuvent ainsi se rendre dans ce vénérable hypogée qui a connu bien des vicissitudes depuis l’ensevelissement du saint patron du diocèse, victime des Alamans et de leur roi Chrocus, au temps de la persécution de Valérien et Gallien (257-260). L’évangélisateur du Gévaudan, martyrisé non loin de là, après sa capture dans les grottes du Mont Mimat, est immémorablement fêté le 21 août dans le diocèse et ailleurs.
On n’y retrouve pas malheureusement ses restes, pas plus que son sarcophage, dont un fragment sculpté dans les ateliers d’Arles à la fin du IVè siècle, trouvé dans les ruines de l’ancien cloître du Chapitre Cathédral pourrait en être conservé au Musée.
En effet le corps de Saint Privat, qu’une solide tradition affirme y avoir reçu sépulture (Actes écrits de Saint Grégoire de Tours et de l’évêque de Mende Aldebert III), fut transporté vers 631 par Dagobert 1er à l’abbaye de Saint-Denis, près de Paris, et en 777 transféré au prieuré de Salone, en Lorraine. Revenu à Saint-Denis, un moine du nom de Cloebert le ramena en Gévaudan vers 815. Pour prévenir un nouveau rapt, les Mendois le dissimulèrent dans les sous-sols de l’église de Sainte Thècle aujourd’hui disparue, mais dont les cryptes subsistent encore à l’ouest du grand clocher de la cathédrale. Il y fut découvert en 1170 aux environs de Pâques sous l’épiscopat d’Aldebert III (1153-1187) et remis alors dans sa crypte primitive. En 1356, l’évêque Odilon de Mercoeur l’en retira pour le mettre sous le maître-autel de la cathédrale. Les protestants ayant pris Mende en la nuit de Noël 1579 détruisirent la châsse de Saint Privat et en profanèrent les restes. Ce qui en subsisterait, après ces tristes événements et ceux de la grande Révolution, est conservé dans l’église de l’Ermitage du mont Mimat.
La crypte vraisemblablement endommagée lors de la ruine de la cathédrale par les Hongrois vers 925 a dû l’être à nouveau lorsque les protestants la ruinèrent une seconde fois sous la conduite de Merle.
Rétablie on ne sait trop comment, la crypte demeura fermée après la Révolution. Elle a été rouverte au culte le 17 novembre 1935 par Mgr Cusin après restauration : aménagement de l’escalier de descente, enlèvement d’une ancienne cuve baptismale et d’un vieux bénitier, réfection du pavement, mise sur un beau chapiteau corinthien trouvé là d’une statue de Saint Privat en bois doré, en arrière de l’autel sous l’antique « arcosolium ».
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Cette crypte souterraine au-dessous de la grande nef de notre basilique en a la même orientation, tout en se trouvant un peu au sud de son axe médian longitudinal. Elle se compose de deux parties bien distinctes : à l’ouest une partie beaucoup moins ancienne de 11 m de long sur 3 de large avec voûte s’élevant à près de 5 m portant trace de deux lucernaires. L’appareil qui n’est pas toujours d’une régularité parfaite semble plus ancien vers le bas, ce qui laisserait croire à une reconstruction avec remploi de matériaux existant auparavant.
Un « arcosolium » (arc au-dessus d’une tombe de martyr; très fréquent dans les Catacombes) s’ouvre au fond, à l’est, en arrière d’un autel monolithe de calcaire, d’un mètre de haut et de 55 cm de large. Aldebert III dit qu’il a été consacré par l’évêque de Maguelonne Raymond (1151-1158). Cet autel a été légèrement avancé dernièrement, ce qui permettra de célébrer face au peuple; son « armarium » et sa crédence se voient encore dans les murs latéraux de part et d’autre. L' »arcosolium » voûté plein cintre a 2m. 15 de largeur sur 1m. 85 de profondeur et 2m. 75 de hauteur. L’ouverture est fermée jusqu’à 1m. 30 de hauteur par une légère maçonnerie dans laquelle s’empâtent perpendiculairement deux pierres qui divisent l’intérieur en trois compartiments. Ces pierres portent des ouvertures circulaires d’une vingtaine de centimètres de diamètre. Au-dessus de la maçonnerie qui obstrue l’entrée, une corniche court à la naissance de la voûte formée de trois arceaux distincts juxtaposés qui se prolongent perpendiculairement jusqu’au sol.
Cet « arcosolium » constitue la partie la plus ancienne de la crypte. D’après M. E. Armand (B. L. 1894), il pourrait être antérieur au IVè siècle et serait une des plus anciennes cryptes des églises de France. Dommage qu’elle n’ait pas été conservée dans son état primitif avec le corps de Saint Privat qu’elle a jadis abrité. Elle constitue néanmoins un patrimoine sacré que l’on peut considérer comme le berceau du christianisme dans le pays gabale. C’est autour de cette crypte que s’est développée la ville de Mende. C’est en 1994 que l’ensemble fut badigeonné par les services de la DRAC.

Outre le traditionnel caveau des évêques, on notera que deux d’entre eux reposent en cette cathédrale mais isolément : Bompar Virgile (+ 1375) dans la chapelle Notre-Dame et Robert du Bosc (+ 1408) dans la chapelle saint Privat.

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