Découverte d’un des tombeaux les plus surprenants de la région et d’une famille pour le moins originale…
Lorsqu’on quitte le village d’Ouchamps en direction de Fougères-sur-Bièvre et qu’on frôle le petit cimetière, impossible de ne pas le remarquer…

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Au-dessus du muret surgit un sépulcre du XIXè siècle, haut de plus de 4 mètres, orné sur chacune de ses faces d’étranges inscriptions :

1er côté :
4è tombe ici de la Libre Pensée.
2è côté :
La série harmonise, l’attraction prédestine, la mort transforme.
18 ventôse an 95, vulgairement 8 mars 1887.
3è côté :
Unité, Esprit, Affection, Luxe.
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4è côté :
Famille Gouté-Coudray. MC-J. (Marguerite Joséphine Caroline) Bertheaulme, veuve JM Gouté, née à Blois le 14 prairial an 6, décédée à Ouchamps le 18 ventôse an 95.
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Fils d’un tanneur blésois proche d’Auguste Blanqui, Charles Gouté (1815-1899) fut un militant fouriériste, ami et collaborateur de Considérant et Cantagrel. Ce phalanstérien oeuvra en faveur du socialisme et du pacifisme. Il avait acquis ce vaste terrain au cimetière d’Ouchamps en 1871 et y inhuma sa mère en 1887. Douze ans plus tard, mille personnes assistèrent à ses propres obsèques où il fut rappelé qu’il considérait l’école laïque de première nécessité pour le bonheur de nos sociétés.
Dans son numéro d’octobre 1991, le Journal de la Sologne et de ses environs nous apprend (p. 38-39) : C’était un partisan passionné de l’instruction du peuple et il était toujours prêt, au conseil municipal, à consentir les plus grands sacrifices pour les écoles. Il avait donné à la bibliothèque d’Ouchamps des centaines de volumes d’auteurs les plus divers et surtout d’écrivains ayant lutté par la plume, aux environs de 1848, au Coup d’État. Charles Gouté, comme son frère Édouard, fut expatrié après 1848 et passa plusieurs années en Amérique.

À son retour, il épousa Héloïse Gouté (1836-1916) qui partagea son engagement et ses espérances.

De leur union naquirent trois enfants impossibles à perdre dans la foule en raison de leurs prénoms : Jéhovah, Velléda et Minerve.

Jéhovah Gouté (1868-mort dans les années 1930) fut propriétaire et cultivateur, dirigeant le domaine familial des Landes (désormais transformé en hôtel).

Velléda Gouté mourut en bas âge mais eut une nièce homonyme (fille de Jéhovah) décédée en 1980.

Minerve Gouté (1869-décédée après 1909), qui se maria trois fois, fut fouriériste dans sa jeunesse.

Le Journal de la Sologne et de ses environs, déjà cité, rapporte le témoignage de l’instituteur Gallier qui avait bien connu la famille : M. Gallier note également que Charles Gouté vécut ses dernières années à la Closerie des Landes et y mourut. Pour Jéhovah, nous dirons seulement que c’était un chaud lapin et qu’il en recueillit quelques désagréments pour être allé trop loin (…) Il finit écrasé par un autocar dans les années 30 et laissa une veuve et deux filles qui, accablées de dettes, durent vendre le domaine. Quant à sa soeur Minerve, elle vécut des histoires d’amour scabreuses. M. Gallier, en bon cartésien, conclut de la sorte : « en somme tous les Gouté étaient des anormaux. » (….!)

L’autre occupant célèbre du cimetière est Kléber Beaugrand (1887-1969), ancien maire d’Ouchamps, qui fut député socialiste du Loir-et-Cher de 1936 à 1940.