Si je ne craignais de choquer certains par l’emploi de l’adjectif, je qualifierais le cimetière de Valmondois de mignon.
Parce qu’il est le parfait reflet de ce village peu étendu mais riche d’histoire, vallonné et cerné de forêts. Caché au creux d’un virage de la rue de la Croix-Boissière, derrière un portail campagnard, il se révèle pentu et offre la récompense depuis son sommet d’une vue paisible sur la vallée du Sausseron, les bois environnants et le clocher de l’église Saint-Quentin. Heureuse initiative, un plan peint installé en haut du cimetière permet d’en savoir plus sur ses occupants et sur l’histoire de la commune.
La liste qui suit, et qui ne revendique bien sûr aucune exhaustivité, prouve combien Valmondois n’a cessé d’attirer les célébrités de tous horizons en quête, non loin de Paris, de calme et de silence.
Le grand Honoré Daumier (1808-1879) lui-même y mourut (sa maison se trouve 89 Grande-Rue) et y reposa quelques mois avant le transfert de sa dépouille au Père-Lachaise.
Albane Blanche (1886-1975), comédienne qui fut entre autres la partenaire de Louis Jouvet, inhumée avec son mari, l’écrivain Georges Duhamel (voir plus bas).
Ballot Maurice (1864-1930), astronome (tombe à droite, en entrant, ornée d’une plaque de reconnaissance offerte par la Société Astronomique de France).
Bertillon Jacques (1851-1922), médecin mais aussi statisticien et démographe, frère d’Alphonse, le fameux criminologue enterré au Père-Lachaise.
Bescherelle Louis Nicolas (1809-1883), lexicographe, auteur d’un célèbre manuel de conjugaison et d’un Dictionnaire universel de la langue française. Geoffroy-Dechaume (voir plus bas), enterré à deux pas, avait décoré son sarcophage d’un médaillon de bronze posé sur une palme. L’ensemble a été volé.
Bulwer-Lytton Neville (1879-1951), officier britannique à l’ascendance prestigieuse. Son père, Edward, fut vice-roi des Indes et son grand-père, Robert, l’auteur du roman Les Derniers Jours de Pompéi. Héros de la Première Guerre mondiale, francophile, il repose ici avec sa dernière épouse, Sandra (1894-1980). Peintre de talent, il avait aussi remporté la médaille de bronze de jeu de paume aux Jeux olympiques de 1908.
Duhamel Georges (1884-1966), écrivain, lauréat du prix Goncourt 1918, membre de l’Académie française. Il vécut à Valmondois à partir de 1919, achetant en 1925 la maison située au 243 de la rue qui porte désormais son nom. Dans la même tombe sont également inhumés son épouse, la comédienne Blanche Albane (voir plus haut) et leurs trois fils, les deux premiers étant médecins comme leur père, Bernard Duhamel (1917-1996), membre de l’Académie de Chirurgie, et Jean Duhamel (1919-1998), le dernier, un célèbre compositeur, Antoine Duhamel (1925-2014). Le journaliste et écrivain Jérôme Duhamel (1949-2015) les a rejoints.
Gaulle Sylvie (de) (1924-2012), née Geoffroy-Dechaume, épouse de Bernard de Gaulle, neveu du Général.
Geoffroy-Dechaume Adolphe-Victor (1816-1892), statuaire. Collaborateur de Viollet-le-Duc, il restaura la statuaire médiévale de nombreuses cathédrales. Ami de Daumier et de Daubigny, il avait racheté à ce dernier sa maison de Valmondois.
Geoffroy-Dechaume Denis (1922-2012), peintre, arrière-petit-fils du précédent, inhumé dans une autre tombe.
Gromort Georges (1870-1961), architecte.
Gromort Tily (1909-1966), comédienne, fille du précédent.
Huisman Georges (1889-1957). Maire de Valmondois, il fut aussi secrétaire général de la présidence de la République, conseiller d’Etat et l’un des fondateurs du Festival de Cannes.
Humbert Agnès (1894-1963), historienne d’art et résistante (membre du Groupe du musée de l’Homme, c’est elle qui recruta Pierre Brossolette), mère de Pierre Sabbagh (voir plus bas).
Langeais Catherine, (1923-1998), née Marie-Louise Terrasse (plusieurs tombes à ce nom dans le cimetière), épouse de Pierre Sabbagh (voir plus bas) et belle-fille d’Agnès Humbert (voir plus haut), qui fut une célèbre « speakrine », ainsi que l’on disait alors, de ll’âge d’or du petit écran et avait été avant-guerre le grand amour de jeunesse de François Mitterrand. Ni le prénom Marie-Louise ni le nom Langeais ne figurent sur la tombe où elle apparaît comme Catherine Sabbagh, née Terrasse.
Laurent-Desrousseaux Henri (1862-1906), peintre et illustrateur mais également céramiste. Grand monument avec bas-relief dans l’angle supérieur du cimetière.
Sabbagh Pierre (1918-1994), journaliste, figure incontournable de la Télévision française dont il fut un des pionniers. Avec lui, sa mère, Agnès Humbert et son épouse Catherine Langeais (voir plus haut).
Voir aussi la grande chapelle de la famille de Provigny, châtelains locaux (on leur doit d’avoir bâti le château d’Orgivaux dont le parc fut dessiné par Alphand), qui domine le site, la vieille croix sous laquelle dorment les prêtres de Valmondois et, dans un tout autre registre, au fond de la partie moderne, la sépulture d’un homme surnommé Coco par ses amis, décorée de deux coqs et portant l’inscription Au repos de Coco.