Il fut sans doute un temps où le cimetière de Vémars, ouvert en 1832 suite à l’épidémie de choléra, se trouvait à l’écart de toute agitation. Aujourd’hui, les voitures le frôlent à grande vitesse dans une pollution sonore qui nuit au recueillement. Si on y ajoute la proximité de l’aéroport de Roissy…
Il s’agit pourtant d’une étape incontournable puisque c’est l’un des écrivains français les plus lus du XXè siècle, académicien et prix Nobel, qu’on vient y retrouver : François Mauriac (1885-1970).

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Ne pas chercher la tombe de l’auteur du Noeud de vipères et de Thérèse Desqueyroux sur ses terres girondines de Malagar (signalons que le célèbre domaine se trouve à Saint-Maixant, tout proche du bourg de Verdelais où repose Henri de Toulouse-Lautrec) mais ici où l’écrivain venait, dès 1913, passer l’été au château de la Motte, propriété de sa belle-famille qu’il racheta après la dernière guerre. La mairie y est aujourd’hui installée et il est possible (sauf le samedi après-midi et le dimanche) d’y visiter le petit musée François-Mauriac (se renseigner sur les horaires d’ouverture au 0134683410).
À l’entrée du cimetière, un panneau apprend qu’il avait écrit, dès 1951 : Le cimetière est à la porte et j’y ferai creuser ma tombe.

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Cette dernière, située au fond de l’enclos, serait discrète, et même banale, si elle n’était depuis peu (ce n’était pas le cas lors de mon dernier passage) flanquée de deux bancs accueillant ceux qui désirent prolonger la halte. Jeanne Lafon (1893-1983), la veuve de l’écrivain, repose à son côté.
La même tombe abrite un autre personnage d’envergure : le général Alain Le Ray (1910-2007). Grande figure de la Résistance, il fut le premier prisonnier à s’évader (en l’occurrence à la faveur d’un match de football) de la forteresse allemande de Colditz avant de devenir le chef du maquis du Vercors. Après avoir servi en Indochine et en Algérie, il acheva sa carrière militaire avec le grade de général de corps d’armée.
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Il est inhumé ici auprès de ses beaux-parents et de sa femme, Luce Mauriac (1919-2011) qui avait publié en 2008, à 89 ans, son premier roman, Les Endormeuses Saisons.
Dans le caveau reposent aussi Claire Mauriac (1917-1992), autre fille de l’écrivain, devenue par mariage princesse Wiazemsky (elle est la mère de l’actrice Anne Wiazemsky et du dessinateur Wiaz) et Caroline Mauriac (1939-2011), belle-fille de François Mauriac (épouse de son fils Jean, né en 1924). L’aîné des enfants Mauriac, le journaliste et écrivain Claude Mauriac (1914-1996) est enterré à Paris, au cimetière Montparnasse.

Dans la tombe voisine, car si ce cimetière est petit, son secteur-là est dense, au nom de « Gay-Lussac » (je remarque que François Mauriac repose entre les familles Gay-Lussac et Durandal), noter la présence de l’écrivain Bruno Gay-Lussac (1918-1997), arrière-petit-fils du chimiste (inhumé à Paris, au Père-Lachaise) mais aussi neveu de François Mauriac qui avait préfacé son premier livre, Les Enfants aveugles, publié à vingt ans.

Les tombes modernes, situées à gauche de l’entrée sont à négliger quant à l’intérêt architectural mais on remarquera dans la partie ancienne (à droite), outre l’obélisque de la famille Blondel, les chapelles Bouin, Soutrenon et Thibault ; enfin, une pensée pour la rangée de vieilles stèles et croix contre le mur d’enceinte dont de fatidiques petits panneaux blancs annoncent la prochaine reprise.

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En quittant Vémars, songer que le beau et riche cimetière d’Ermenonville, dans l’Oise, n’est pas loin.