Situé en plein bourg, autour de l’église Sainte-Marguerite qui ne date que de la fin du Second Empire, ce n’est a priori pas un cimetière attirant.

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Les monuments modernes, sans caractère, y dominent tandis que les arbres en sont cruellement absents.

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Quant à certains riverains, ils jouissent d’une réelle « vue sur la mort »…

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Hormis la traditionnelle croix ancienne, le rituel monument aux morts et quelques vieux tombeaux préservés, on aurait vite fait de croire le site sans réel intérêt…

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Il abrite pourtant la tombe d’un des plus grands champions du XXè siècle : Jacques Anquetil (1934-1987) !
Ce pur Normand, natif de Mont-Saint-Aignan (« près de Rouen » chantera plus tard Allain Leprest) puis ayant grandi à Quincampoix, remporta le premier de ses cinq Tours de France à seulement vingt-trois ans mais s’imposa aussi au Tour d’Italie (deux fois), au Tour d’Espagne (une fois), gagna des classiques (Liège-Bastogne-Liège), des courses à étapes (Paris-Nice, cinq fois), des courses contre-la-montre (le Grand Prix des Nations, neuf fois !), battit le record du monde de l’heure, et devint un véritable mythe.
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Pour le comprendre, se souvenir de ce qu’était alors l’engouement populaire tout au long de l’année, et non seulement pendant trois semaines en juillet, pour le cyclisme, de sa rivalité avec Raymond Poulidor, et de quelques exploits de légende dont le plus fameux fut de remporter le Dauphiné Libéré et d’enchaîner huit heures plus tard en prenant le départ et en s’imposant dans l’épreuve la plus redoutable du calendrier, Bordeaux-Paris (pour se rendre de Nîmes à Bordeaux, un Mystère de l’État avait été affrété spécialement sur ordre du général de Gaulle !).
Sa vie privée fut, à sa manière, aussi exceptionnelle puisqu’il eut deux enfants, le premier avec sa belle-fille, le second avec l’épouse de son beau-fils !
Devenu directeur de course et consultant, Jacques Anquetil, qui avait reconnu s’être dopé durant sa carrière, mourut d’un cancer de l’estomac à seulement cinquante-trois ans.
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Il est enterré sous un grand livre ouvert orné de sa signature.
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J’avais évoqué, il y a déjà plus de vingt-cinq ans, sa sépulture dans la presse et constate à chacun de mes passages que l’effigie sur la plaque qui coiffe son monument s’estompe inéluctablement…
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Ses parents, Ernest (1906-1963) et Marie (1904-1995) reposent dans la tombe voisine.

Tout près, notons la présence de René Farcy (1919-2010) qui fut maire de Quincampoix de 1972 à 1998.

Peu d’épitaphes hormis cette femme proclamant à l’amour de sa vie : Je reviens avec toi pour l’éternité.

Et comme pour illustrer le mot qui précède, nous quitterons les lieux avec ce symbole romantique d’un autre couple que rien ne séparera.

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