Sur la colline du Château, tout à côté du sublime cimetière où reposent, entre autres, Léon Gambetta (du moins en partie tant ses organes furent pillés lors de son autopsie), Gaston Leroux ou Georges Lautner, un petit champ de repos confessionnel où doivent se rendre tous les amateurs du neuvième art.

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À l’entrée, un monument rend hommage aux victimes de la déportation sous la forme de deux urnes. La première contient des cendres recueillies dans les chambres à gaz et les fours crématoires d’Auschwitz ; la seconde, du savon à la graisse humaine fabriqué par les nazis.

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Au niveau inférieur, dans l’incroyable proximité des sépultures parfois plus que vénérables (une d’entre elles date du XVIè siècle car on a transféré ici les tombes d’un ancien cimetière juif établi en contrebas dès le Moyen-Âge), on remarque la chapelle d’Alfred Van Cleef (+ 1938) qui créa la célèbre entreprise de joaillerie Van Clef et Arpels avec son oncle, Salomon Arpels (dont il épousa la fille).
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Les tombes n’étant pas déplacées, il faut fouler une dalle pour accéder au niveau le plus élevé du cimetière, là où se trouvent les sépultures les plus récentes.

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Parmi ces alignements monotones apparaît le nom que beaucoup de visiteurs recherchent, celui de René Goscinny (1926-1977) .
Le plus célèbre des scénaristes de bande dessinée, créateur d’Astérix mais aussi du Petit Nicolas et d’Iznogoud, mourut prématurément (51 ans), on le sait, chez son cardiologue lors d’un banal test d’effort. Il fut inhumé au cimetière Montparnasse puis transféré à Nice, au cimetière de Caucade, avant de connaître cette troisième et ultime destination.
Sur sa stèle, ornée de l’étoile de David et qui porte le mot « Écrivain », est évoquée la mémoire de son épouse, Gilberte (1943-1994), demeurée à Caucade.

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Signalons aussi les tombes de la résistante Simone Benhamou-Ducloux (1914-2002) qui fut déportée à Mathausen, celle de l’architecte Aaron Messiah (1858-1940) qui construisit la villa Masséna à Nice mais surtout l’incroyable villa de style Renaissance Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat, ainsi que les temples grecs des familles Auerbach et Landau.

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Sur une plaque récente, nous apprenons que le défunt rencontra le monde, lui sourit, le questionna…

J’ai relevé aussi :

Dans un baiser d’amour
Dieu a cueilli son âme

Car elle fut un modèle de toutes les vertus
Elle a quitté bien vite cette vallée de larmes
Laissant son foyer décapité :
Le ciel jaloux a redemandé à la terre
Le trésor qu’il lui avait confié !

Dans le même registre, une des épitaphes les plus lacrymales de France :

À Sylvio
La justice eût voulu, notre enfant
Que ce fût à toi à nous conduire
Un jour dans notre dernière demeure.
Pourquoi donc est-ce à nous de nous trouver
Debout devant la tienne ?
Misérable destin :
Qu’a-t-on donc fait de toi, ô Sylvio :
Si jeune, si beau, si splendide et sublime
De l’ombre dans cette ombre un rayon froid
C’est tout ce qui nous reste…
Et pour toujours, toujours !
Un train, une auto, un avion, un petit sapin
Tu nous as demandé ça la veille de ta mort
Les voilà, hélas !, immobiles et froids
Mais aussi inséparables
De ton tombeau que l’est de nous
Ton dernier souffle recueilli
Dans les plis les plus profonds de notre âme
À nous Sylvio !
Tes parents

Ce petit garçon mourut à 7 ans et demi en 1931. Ses parents lui ont dédié un monument funéraire effectivement orné de ce qu’il réclama la veille de sa mort : un train, une auto, un avion et un petit sapin…

Adresse :
Allée François-Aragon.