Un des plus méconnus champs de repos parisiens et aussi des plus exigüs, 62 ares nichés porte de Charenton entre la voie ferrée et le boulevard des maréchaux. Jadis (il fut ouvert en 1816 mais ne compte plus guère de sépultures des premières années; ainsi, celle du père de l’écrivain catholique Louis Veuillot, modeste tonnelier mort en 1839, fut-elle relevée en 1964) cimetière de la commune de Bercy, il devint parisien lors de l’annexion de 1860. Pas de grand nom ni de monument hors du commun, si l’on excepte sa grande chapelle centrale, mais une douce atmosphère champêtre à la belle saison et le souvenir de nombreux négociants en vin établis dans feu les entrepôts de Bercy.
Jean Alfred Besnard (1863-1924), architecte du gouvernement mais aussi maire-adjoint du XVIIIè arrondissement.
Henri Carbonetto-Derouville (1858-1919), compositeur (tombeau de la famille Bellanger).
Henry Céard (1851-1924), écrivain, un des six auteurs (avec Zola, Maupassant et Huysmans, entre autres) des Soirées de Médan, membre de l’académie Goncourt.
Albert Cuvillier (1859-1930), ancien maire du XIIè arrondissement.
Théodore Dehaese, jeune pompier mort à 24 ans en 1853 lors d’un incendie dans les entrepôts de Bercy. Sa tombe fut longtemps entretenue >par les pompiers de la caserne de Reuilly.
Louis Gallois (1775-1839) et son fils Louis-Jules Gallois (1800-1867), négociants en vins (ce dernier eut pour associé Félix-Joseph Courvoisier qui créa avec lui la société de cognac portant son nom). Dans cette même chapelle repose l’historien Albert Vandal (voir plus bas).
Marie-Louise de Gerlor, comédienne dont la beauté fut saluée à la Belle Epoque.
Vincent Ghesquière (1891-1938), colombophile.
Charles Greig (1853-1922), pasteur écossais, sous une grande inscription Christ est ma vie.
Armand Guillon (1880-1968), haut-fonctionnaire qui fut préfet de Haute-Garonne puis de Seine-et-Oise avant d’être nommé en 1936 Résident général de France en Tunisie.
Edmond Mallard (1884-1974), ancien maire du XIIè arrondissement.
Albert Vandal (1853-1910), historien, spécialiste du XVIIIè siècle et de Napoléon, académicien français mais titulaire d’un fauteuil, le onzième, peu chargé de gloires. Il repose dans la chapelle Gallois (voir plus haut).
Pierre Zizine (1885-1976), industriel, médecin et pharmacien d’origine martiniquaise, honoré en ces termes par l’association de la Pharmacie martiniquaise : Un grand pharmacien au coeur noble et généreux.
Plusieurs destins brisés débusqués à l’intérieur de chapelles familiales : la grande photographie de la petite Henriete Rabiet (1897-1906), le jeune Pierre Cazalis (1888-1907), Elève de mathématiques spéciales au lycée Saint-Louis et Jeanne Crozet, décédée à 23 ans en 1894, pleurée par son mari : Repose en paix, bonne épouse regrettée / Avec toi mon bonheur s’est enfui vers le ciel / Mais s’il fut ici bas de si courte durée / Mes regrets et mes pleurs eux seront éternels.
Sur la tombe de l’abbé Jean-Pierre Pulby, mort en 1905, à 30 ans : L’énergie régnait dans son âme, la bonté dans son coeur.
A l’inverse, sur la tombe de Gabriel Bresson, décédé à 88 ans en 1918, nous apprenons que Le travail a toujours été sa vie, son bonheur, son délassement, il l’a aimé jusqu’à la fin. Saluer aussi la belle longévité de Jeanne Thomas (1895-2004).
J’ai aussi admiré la belle porte en bronze ouvragé, style 1900, de la famille Genty, relevé l’inscription Cendres et larmes, en gros caractères, au fronton de la chapelle Giroux-Martin et n’ai pas été surpris de croiser une famille Pinard qui ne pouvait être enterrée ailleurs.
Deux épitaphes, en conclusion.
Sur la tombe d’un couple : La mort ne désunit pas ceux qui s’aiment.
La présence des absents dans la mémoire des vivants est plus forte que la mort.
Adresse :
129 rue de Charenton.
Métro : Porte de Charenton.
Horaires :
du 16 mars au 5 novembre :
de 8h à 18h du lundi au vendredi
de 8h30 à 18h les samedis
de 9h à 18h les dimanches et jours fériés
du 6 novembre au 15 mars :
de 8h à 17h30 du lundi au vendredi
de 8h30 à 17h30 les samedis
de 9h à 17h30 les dimanches et jours fériés