Indiquée à l’entrée du cimetière par une plaque, la tombe de l’écrivain Romain Rolland (1866-1944) se veut des plus discrètes : une simple pierre tombale, brute, enfouie sous la végétation.
À jamais lié à sa terre bourguignonne (il était né à Clamecy, mourut à Vézelay et repose ici dans un village nivernais limitrophe du département de l’Yonne), l’auteur du cycle romanesque Jean-Christophe et de Au-dessus de la mêlée vécut pourtant longtemps, plus d’un quart de siècle, en Suisse.
Grande figure du pacifisme, auréolé d’une gloire qu’avait consacrée en 1915 le prix Nobel de littérature, admiré de Stefan Zweig, auteur parmi les plus lus en URSS, amoureux de la musique, il est difficile de concevoir de nos jours l’influence qui fut la sienne durant l’entre-deux-guerres tant il a peu à peu glissé vers un purgatoire qui ressemble à l’oubli.
Il s’éteignit à près de quatre-vingts ans, en dépit d’une constitution fragile qui ne laissait pas augurer une telle longévité, le dernier jour de l’année 1944 tandis que s’achevait la Seconde Guerre mondiale. Au début du conflit, il avait écrit : Une telle épreuve doit être salutaire pour une race vigoureuse. Et du fond de la défaite je vois resurgir une France plus saine et rajeunie, pourvu qu’elle le veuille. J’ai foi en l’avenir de mon pays et du monde… Et je prends congé d’eux, le coeur en paix au milieu de la guerre et l’esprit assuré dans ces tremblements de terre. Je reviens, comme Candide, à mon jardin, mon jardin sans frontières.