Ne pas trop attendre de ce cimetière communal car Malakoff est une commune récente, détachée de Vanves en 1883. Néanmoins, un grand nom du sport cycliste à visiter et de nombreuses petites curiosités à découvrir. Je précise que le lieu est plus inspirant à la belle saison que ne le laissent deviner ces photos prises lors de ma dernière venue, un matin maussade du mois de mars.
Parmi les résidents illustres :
Eugène CHRISTOPHE (1885-1970), coureur cycliste devenu une figure légendaire du Tour de France lorsque, le 9 juillet 1913, échappé et virtuellement premier du classement général, il cassa sa fourche en heurtant une pierre dans la descente du col du Tourmalet. L’assistance étant alors interdite, il marcha (une dizaine de kilomètres !) jusqu’à Sainte-Marie-de-Campan où il répara son vélo avant de repartir de finir l’étape avec quatre heures de retard.
[Il reste aussi dans l’Histoire de l’épreuve pour avoir été le premier porteur du Maillot jaune en 1919.->
https://www.rtbf.be/sport/cyclisme/tourdefrance/detail_eugene-christophe-1er-maillot-jaune-de-l-histoire-on-m-a-appele-le-p-tit-canari-le-cocu?id=10182388]
Sa carrière fut d’une rare longévité puisqu’il participa onze fois à la Grande Boucle (sans, bien avant Raymond Poulidor, jamais la remporter), en terminant huit (dont l’édition de 1925 alors qu’il était quadragénaire), 2è en 1912 et 3è en 1919. Sa malchance, son caractère et sa gouaille lui valurent une exceptionnelle popularité et le surnom de « Vieux Gaulois ».
Il fut un des derniers témoins de ces temps héroïques des premiers Tours de France. Le voici à la fin de sa vie expliquant qu’il s’autorisait parfois un bidon de champagne, « à petites gorgées »…
Sur sa pierre tombale, une photo le montre, bien après la fin de sa carrière, en tenue de coureur, posant fièrement devant sa bicyclette.
Gaëtan GATIAN de CLÉRAMBAULT (1872-1934), psychiatre (ses travaux influencèrent le jeune Jacques Lacan) mais aussi photographe et ethnographe.
Passionné par la civilisation arabe, et par les drapés marocains en particulier, il constitua un important fois photographique et donna des conférences à l’école des Beaux-Arts sur le sujet.
Menacé de cécité, il se suicida.
Derrière sa tombe, contre le mur, est fixée une petite stèle qu’il avait ramenée du Maroc.
GUÉRINO (Pïerre Vettese) (1895-1952), accordéoniste. Roi du bal musette, il fut un des découvreurs de Django Reinhardt.
Guy KAYAT (1938-1983), metteur en scène de théâtre, sous une oeuvre de Jacques Renaud intitulée « L’Éveilleur ».
Pierre LUCIANI, résistant, membre fondateur du mouvement « Honneur de la Police », groupe créé en 1943 au sein de la Préfecture de police de Paris.
Paul MAHALIN (1828-1899), journaliste et écrivain. Il connut le succès avec son D’Artagnan, grand roman historique remplissant la vie du célèbre Mousquetaire qui s’étendre la « Jeunesse des Mousquetaires » à « Vingt ans après », les deux romans d’Alexandre Dumas.
Eugène MUGAT (1875-1909), inspecteur de police, mort en tentant d’arrêter un pilleur d’objets religieux, surnommé par la presse le « rat des églises ». Périt avec lui le commissaire Blot, sous-chef de la Sûreté, avant que leur assassin ne se suicide.
Charles OBBIALERO (1885-1913), sculpteur dont Pierre-Alexandre Morlon signa l’effigie.
Paul REDONNEL (1860-1935), écrivain, poète dans la tradition du félibrige, mais aussi auteur d’ouvrages sur l’occultisme.
Léon SALAGNAC (1894-1964), homme politique (communiste) qui fut député de la Seine (1962-1964), conseiller général, maire de Malakoff de 1945 à sa mort. Médaillon signé Garreau.
Rino SCOLARI (1920-1983), élu de la ville de Malakoff dont la stèle mentionne titres et décorations.
La municipalité honore de plaques commémoratives quatre de ses fils morts le 21 août 1944 lors de la libération de Malakoff :
Gabriel CRIE,
Gaston GUITTET,
Jean MONNERON,
et Eugène VAUGEOIS.
La promenade permet aussi d’admirer les bas-reliefs sur les tombes des soldats Jean-Joseph BEAUDOIN (+ 1914) et Georges DARRAS (+ 1917),
le médaillon qu’Eugène Porcher dédia au jeune Lucien BONNY (1885-1912),
l’élégant sarcophage sous lequel est inhumé Jules CHAUVIN, frappé de mort accidentelle, en 1878,
la plaque (dans le carré militaire) in memoriam de Gustave DURASSIÉ (1887-1986), maître-imprimeur, combattant à Fleury-sous-Douaumont, devenu président national de l’association « Ceux de Verdun »,
le monument aux lignes anguleuses d’Ida (1874-1929) et Charles (1873-1948) FELTRIN,
le buste de Pierre PEPINET (apparemment début XXè siècle),
et ces pleureuses non signées.
Ajoutons un impressionnant Monument aux morts,
et un autre, dédié Aux enfants de Malakoff morts pour la Patrie.
Les épitaphes ne sont guère nombreuses mais l’une d’elles se révèle poignante, gravée sur la tombe d’une jeune femme :
TUÉE à 18 ans, le 25 août 1989, dans sa maison de vacances, par un camionneur. Au nom du profit des entreprises de transport.
Terminons avec cet acrostiche sur le prénom Philippe :
Pour ton amour
Heureux
Irrésistible
Loin
Inoubliable
Pour ton sourire
Pour ton épouse
Et ta fille
et cet homme, décédé en 2016, qui porte jusque sur sa tombe son surnom de « Tarzan ».
Adresse :
33 boulevard de Stalingrad.
Horaires :
Du 1er mars au 30 septembre : 7h30 – 18h.
Du 1er octobre au 28 (ou 29) février : 8h – 17h30.