De ce cimetière, l’impression qu’on emporte dépend de l’orientation du regard. Vers l’est, une campagne paisible se déroule au-delà du muret. Vers l’ouest, l’horizon est envahi par les panache de fumée sortant de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire.
Dans la partie haute (allée centrale, au-dessus du calvaire), caveau de famille, et le mot prend ici un sens cruel, de Violette Nozière (1915-1966) qui, en 1933, empoisonna son père (sa mère, elle, en réchappa de peu). Lors du procès, la jeune fille, qui était tout sauf une oie blanche, accusa son père d’avoir abusé d’elle. Son geste fascina l’opinion et les poètes surréalistes se proclamèrent ses ardents défenseurs. Plus tard, Claude Chabrol, dénonçant lui aussi l’hypocrisie de la société bourgeoise, s’inspira de l’affaire, qui demeure un des grands faits divers de la France des années 30, dans un film éponyme, offrant à Isabelle Huppert un de ses rôles les plus forts.
Condamnée à mort puis graciée, elle fut incarcérée jusqu’en 1945 puis réhabilitée et tenta de retrouver l’anonymat. Mariée, mère de cinq enfants, elle mourut prématurément d’un cancer, cinq ans après son époux qui fut victime d’un accident. Sa mère, avec laquelle elle s’était réconciliée, lui survécut deux ans. Tous les quatre reposent dans cette même tombe.
Rien d’autre à signaler hormis le tombeau original de l’industriel Joseph Fougerat, propriétaire d’une usine de pneumatiques, plusieurs sépultures familiales abritant des victimes des bombardements de l’été 1944 (Neuvy fut visée à trois reprises par l’aviation alliée et presque entièrement rasée) et une tombe récente portant les noms « Bertrand Renard » de nature à inquiéter les habitués des Chiffres et des lettres mais qui n’est qu’une homonymie funéraire parmi beaucoup d’autres.
En bas, obélisque érigé en 1888, à la mémoire des soldats français morts à Neuvy en luttant contre l’invasion allemande (1870-1871).