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Aux portes de la petite ville de Gaillon, déjà la campagne et, comme presque partout en Normandie, un cimetière autour d’une église (celle-ci vaut un détour pour son clocher flammé en ardoise et son vieux porche de bois); parmi les tombeaux modernes, une stèle surgit, dévoilant le profil d’une des « Lumières » du temps de Voltaire et Rousseau.

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Ici repose Jean-François Marmontel (1723-1799) qui traversa le XVIIIè siècle en s’essayant à de nombreux genres littéraires. Il est difficile d’imaginer , tant son oeuvre est désormais oubliée, qu’il écrivit des recueils de poèmes, des romans, de nombreuses pièces et surtout quantité de livrets d’opéras et d’opéras-comique qui le firent connaître au-delà de la France. Proche de Voltaire dont il préfaça La Henriade, ami de La Clairon, de Grétry, nommé historiographe de France en 1772, il fut un des rédacteurs de L’Encyclopédie, et, à quarante ans, entra à l’Académie française dont il devint le secrétaire perpétuel en 1783 (succédant à d’Alembert), le restant jusqu’à sa mort.
Non exempt d’inimitiés (Rousseau ne l’aimait guère mais c’est l’abbé de Voisenon, également de l’Académie, qui l’assassina en ces termes : Je démêlai, malgré ses triomphes, que l’auteur était absolument incapable de faire une bonne pièce, et qu’il n’avait aucune connaissance de l’art dramatique : l’événement m’a justifié ; il a toujours été de chute en chute).
Prenant du champ avec la Révolution dont il se défiait, il se retira à Habloville (sur la commune de Saint-Aubin-sur-Gaillon), et y mourut d’apoplexie, à une date aisément mémorisable (qui vit aussi le décès du naturaliste Daubenton) : le 31 décembre 1799.
Enterré dans sa propriété, il fut transféré ici (dans son cercueil de plomb de 380 kilos, moulé à la forme de son corps !) le 8 novembre 1866.
Le médaillon de bronze, signé Malle, fut dévoilé le 29 octobre 1899 par son lointain successeur au secrétariat perpétuel de l’Académie, Gaston Boissier.

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On citera aussi la vieille chapelle de la famille Registre et l’if vénérable, si caractéristique des champs de repos dans cette région.

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Place nette est en train d’être faite ici comme ailleurs afin d’accueillir les morts du nouveau siècle. Une plaque récente nous informe de la création d’un ossuaire :
In memoriam
La commune s’est engagée dans un programme de réorganisation du cimetière communal.
 la suite du recensement, plusieurs dizaines de tombes ont été reprises, cette démarche ne poursuivant qu’un seul but, celui d’améliorer les conditions d’utilisation du cimetière.
La commune, soucieuse de leur rendre un dernier hommage, ne voulait pas que ses enfants tombent dans l’oubli.
Le conseil décida alors de les réunir dans une tombe commémorative où leurs dépouilles reposeront pour l’éternité.
Les travaux entrepris ont été menés avec respect et déférence, chaque dépouille a été réinhumée séparément en ce lieu. Qu’ils y reposent en paix.
Cet emplacement leur est dédié, ainsi qu’à leurs descendants, pour qu’ils puissent se souvenir et se recueillir.
Un registre se trouve en mairie à la disposition des familles et regroupe les noms de l’ensemble des défunts qui ont été transférés en ce lieu de mémoire.
Il était normal de ne pas faire disparaître une partie de notre histoire.
Le Conseil municipal.