Trois cimetières de Niort sont proches les uns des autres et peuvent se visiter dans la foulée. Le plus dense en célébrités et monuments originaux est le cimetière Cadet, lui-même divisé en deux par la rue de Bellune, le moins riche, le cimetière Buhors. Entre les deux se trouve ce cimetière des Sablières, aménagé entre deux voies de chemin de fer, où j’ai néanmoins relevé plusieurs sépultures valant une halte.
D’aspect moderne, le lieu est ordonné autour d’un vaste rond-point; les allées, larges et bitumées sont tracées au cordeau et peu de tombeaux semblent présenter une valeur historique. On s’étonne donc d’y rencontrer une figure de la Révolution et de l’Empire.
Louis-François-Jean Chabot (1757-1837), général, héros du siège de Mantoue (au côté de Sérurier, il reçut la reddition de la ville), qui gouverna les Îles ioniennes, prit part à la campagne d’Espagne et reçut en 1811 le titre de baron d’Empire. Natif de Niort, il avait acquis le château de Sansais (Deux-Sèvres) où il mourut, presque octogénaire.
Sa pyramide, ornée de son effigie et entourée de boulets, est le tombeau le plus remarquable du lieu.
Plus loin, une stèle de facture moderne rend hommage au commandant Fernand Delime (1920-1962), mort dans la catastrophe dite du mont Renoso. Le vol Bastia-Nice via Ajaccio s’acheva tragiquement dans la montagne corse, provoquant la mort de 25 personnes. Parmi elles, les joueurs et joueuses de basket des deux équipes premières de Bastia qui venaient disputer un match sur le Continent. L’épitaphe évoque les circonstances du drame et souligne la croyance bouddhiste du défunt. La voici telle quelle :
OM, SHANTI et PREM
OM Paix et Amour
Fernand DELIME
Pilote de ligne
Né le 2 mars 1920
Quitta son corps physique
le 29 décembre 1962
Mort dans l’accident
du BASTIA-NICE
Le 29 décembre 1962
le Stratoliner Boeing 307 B
a heurté à 13h05 en plein vol le
sommet du monte RENOSO « Corse »
suite au manque de visibilité
car la neige et le brouillard
se sont conjugués
pour amener la perte du Boeing
et tous ses occupants.
Et, sur une plaque distincte :
Quelle erreur que cette dualité.
L’unité est la seule réalité !
« Qu’elle soit dans la Bible, la Gita, le Coran, etc. »
Conforme-toi à la loi de l’Amour.
L’ESPRIT UNIVERSEL, immuable, éternel, infini
Dissous ta vie dans l’infinitude de DIEU.
Ressuscitons ensuite une célébrité locale en la personne du pharmacien Georges Queuille (1857-1932) qui tint longtemps la plus grande officine de Niort. Esprit curieux et infatigable, il s’intéressa à de nombreux domaines comme la photographie (il laissa 6000 clichés sur plaques de verre témoignant de ses voyages), la politique (il fut conseiller municipal sous l’étiquette citoyenne) ou encore l’enseignement de l’espéranto qu’il tenta de diffuser dans la région. Il inventa aussi le ‘vin de Gloria », boisson énergisante de l’époque (en fait un fortifiant à base de quinine et de cola).
Sa tombe se distingue par son entourage faussement végétal d’un effet esthétique surprenant.
Le lieu compte aussi des chapelles gitanes (imposantes et ostentatoires), des tombes militaires, un monument aux harkis ainsi, loin du littoral, qu’un rocher dédié aux marins disparus.
Enfin, nous aurons une pensée pour ce superbe homonyme qui n’avait aucun reproche à adresser à ses géniteurs car en 1904, l’écrivain était encore pratiquement inconnu…
Adresse :
Place du Souvenir-Français (il s’agit, en fait, de la rue de Bellune; du cimetière Cadet, suivre jusqu’au tunnel du chemin de fer).
Horaires d’ouverture :
8h – 18h du 1er novembre au 31 mars.
8h – 19h du 1er avril au 31 octobre.