Voici un des plus intéressants cimetières du pays de Bray où, comme souvent, les tombes sont disposées autour de l’église, ici dédiée à Saint-Martin.
Un résident illustre dont la dernière demeure se remarque aussitôt : le sculpteur et médailleur René de SAINT-MARCEAUX (1845-1915).
Originaire de Reims (son grand-père fut maire de la ville), où naquit sa vocation (Je suis né deux fois à Reims car les figures du Moyen-Âge de nos églises ont fait germer en moi l’amour de la sculpture), il vécut et mourut à Paris mais repose dans le village normand où il venait en villégiature. Sa ville natale conserve en son musée des Beaux-Arts la version en plâtre de son célèbre Arlequin (1880) qui fut tant de fois copié.
De lui sont principalement connus dans les cimetières les gisants d’Alexandre Dumas Fils à Montmartre du président de la République Félix Faure au Père-Lachaise et de l’abbé Miroy, à Reims, au cimetière du Nord (soustraite à la vue du public il y a plusieurs années en raison de son mauvais état, l’oeuvre, sa copie du moins, sera remise en place dans quelques mois) où il orna aussi la tombe de ses parents (son père était négociant en champagne) d’une composition intitulée Sur le chemin de la vie.
Il repose avec sa femme, Marguerite, dite Meg, (née Jourdain) (1850-1930), veuve du peintre Eugène Baugnies, qu’il épousa à quarante-six ans, qui tint en leur hôtel particulier du boulevard Malesherbes un célèbre salon musical fréquenté par Claude Debussy, Gabriel Fauré, André Messager (tous trois reposent au cimetière de Passy) ou Maurice Ravel (sa tombe est à Levallois-Perret) dans le Paris de la Belle Époque et fut une des inspiratrices de Marcel Proust pour madame Verdurin. Le Journal que tint Marguerite de Saint-Marceaux de 1894 à 1927 a été édité chez Fayard.
Sous le dais, la dalle montre le couple Saint-Marceaux finement gravé en pied.
À côté du monument Saint-Marceaux se trouve la tombe du peintre Jacques BAUGNIES (1874-1925), fils de Marguerite et de son premier époux.
René de Saint-Marceaux l’avait adopté en 1913, ainsi que ses deux frères. Ils s ’appelèrent dès lors Baugnies de Paul de Saint-Marceaux.
On signalera aussi le temple sous le quel repose, entre autres, Marcel SAVARY, Sergent au 4ème Zouaves, mort pour la France à Laon le 25 août 1914 à l’âge de 24 ans.
Le Monument aux morts est une oeuvre de François Pompon (inhumé à Saulieu, en Côte-d’Or) qui, praticien et ami de Saint-Marceaux, possédait une maison modeste à Cuy-Saint-Fiacre.
Un ultime regard à la jolie croix ornée qui protège les morts du village avant de partir, par exemple, pour Saint-Saire (à trente kilomètres) où est enterré le docteur Delabost, inventeur de la douche.