Au coeur de la commune, un enclos plutôt exigu qui reflète l’histoire et l’âme populaire d’Ivry. Depuis sa partie haute, rue Gaston-Cornavin, le panorama urbain mêle, à défaut de verdure, ses tombeaux de famille, le clocher de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, les immeubles alentour et enfin les tours du XIIIè arrondissement. En bas, l’humble maison du gardien semble échappée d’une autre époque.
Derrière l’église, le lieu pentu s’ouvre sur le souvenir des soldats français morts en 1870-1871 et 1914-1918. Des escaliers mènent à deux parcelles séparées du reste du cimetière. Côté droit, un obélisque et une plaque rappelant que 6 soldats reposent ici (dont, curieusement, un « inconnu » âgé de 25 ans). Côté gauche, un édifice (A nos grands morts) flanqué de deux murs portant la litanie des victimes locales de la Première guerre mondiale.
Contre le mur (à droite en entrant, section 16), un petit obélisque signale la présence d’un ancien mamelouk de la Garde impériale, Michel Barbary, né au Grand Caire, décédé en 1852, à l’âge de 67 ans.
La sépulture à voir en priorité est celle du physicien Sadi Carnot (1796-1832) qui fonda la thermodynamique en publiant (à seulement 200 exemplaires) en 1824 les Réflexions sur la puissance motrice du feu et les machines propres à développer cette puissance, dont la reconnaissance fut posthume. Victime de l’épidémie de choléra, ce Sadi Carnot était le fils du général, mathématicien et physicien Lazare Carnot (le « grand Carnot ») et l’oncle du futur président de la République, Sadi Carnot (tous deux désormais panthéonisés). Son frère, Lazare Hippolyte, ministre de l’Instruction publique en 1848, est enterré au Père-Lachaise, dans la 11è division. Cette stèle modeste est un des plus anciens vestiges du cimetière d’Ivry.
Henri Cissac (1877-1908), ancien coureur cycliste devenu champion automobile, se cache à l’intérieur de la section 6. Il se tua en course lors du Grand prix de France disputé à Dieppe.
Visible de loin, le buste de bronze, par Charles Perron, de Jules Coutant (1854-1913) ravive le souvenir de cet ouvrier-mécanicien devenu député socialiste de la Seine (1893-1913) et maire d’Ivry (1908-1913), à ce point attaché à sa commune qu’on le surnomma Coutant-d’Ivry.
Une plaque apposée sur le mur extérieur de sa chapelle apprend qu’ici repose André Deslogis (1893-1954), Président-fondateur de l’Union professionnelle des sténographes, dactylographes, comptables de France et de l’union française.
Contre le mur, un médaillon de bronze, réalisé par lui-même, restitue le profil du statuaire Léon Gusse, qui mourut en 1886, et dont les Ivryens connaissent le buste du médecin et conseiller municipal Achille Verollot qui trône dans leur mairie.
Le sculpteur Marius Malan est l’auteur du haut-relief en marbre (vers 1902) intitulé La Visite au cimetière qui surmonte la tombe de Jean-Baptiste Robin et montre l’épouse, un bouquet à la main, et la petite fille du défunt.
Le pédagogue Pierre-Philibert Pompée (1809-1874), maire élu d’Ivry (1870) et conseiller général de la Seine (1871) est honoré d’une stèle à l’antique offrant son visage en médaillon et, au revers, le rappel de ses titres. Ce bisontin fonda l’Ecole professionnelle d’Ivry.
Deux épitaphes pour conclure la promenade :
Depuis vingt ans ma mère y dort
Quand je l’y rejoindrai j’espère
Connaître enfin le grand mystère
Et sous quelle nef de lumière
S’ouvre le porche de la mort
Et, sur une plaque récente :
Maurice, on pense à toi
Les mauvaises herbes que tu as laissé pousser dans ton jardin.