Un cimetière miraculeux (surtout dans une ville autant bombardée que Caen en 1944) comme il n’en existe que très peu en France !
Créé à la fin de l’Ancien Régime, survivance d’un temps révolu (le XIXè siècle patriarcal), il conserve entre ses hauts murs et sous ses charmilles la mémoire bourgeoise de la ville (nombreuses épitaphes de jurisconsultes, d’avoués, d’avocats agréés au Tribunal de Commerce, d’officiers de cavalerie, de médecins…). Son cadre arboré charma, après d’autres, François Truffaut qui y tourna La Chambre verte (en plus de réaliser le film, il y tient le rôle principal au côté de la jeune Nathalie Baye).
Considéré comme un cimetière « dormant » (expression bien malheureuse pour qui entend le grec et connaît l’étymologie), il n’est plus accueillant qu’aux défunts de familles titulaires d’une concession à perpétuité.
Bien que peu étendu, l’endroit mérite qu’on lui consacre une belle heure.

Un paysage funéraire extraordinairement préservé.

Un paysage funéraire extraordinairement préservé.

Il est de ces champs de repos qu’il convient de visiter au hasard, sûr d’y trouver une inscription dans un style suranné, un arbre engloutisseur de sépulture, une allée dont on se croit le découvreur.

Y reposent néanmoins (toutes les tombes citées ci-dessous sont situées contre un des murs) :

Emile Alliot-Prejardin (1831-1914), directeur et fondateur du journal Le Bonhomme normand.


Exupère Caillemer
(1837-1913), jurisconsulte et historien, doyen de la Faculté de droit de Lyon. Inhumé avec son beau-père, Jules Paulmier (1807-1862).

Tombe de la famille Jules Paulmier

Jean-Baptiste Harou-Romain (1760-1822), premier architecte départemental du Calvados (on lui doit l’Hôtel de préfecture et l’ancien Palais de justice de Caen).

Amédée Renée (1807-1859), écrivain, historien et homme politique. Biographe de Louis XVI, il fut député du Calvados et le promoteur d’Houlgate. Mort à Marseille, il avait exigé le rapatriement de ses restes à Caen, auprès de ceux de son père.

Epitaphe d'Amédée Renée

Guillaume Trébutien (1800-1870), orientaliste et traducteur (on lui doit le premier texte français des Contes des Mille et une nuits devenu éditeur (de Barbey d’Aurevilly et Maurice de Guérin, entre autres). Beau sarcophage orné d’un petit médaillon signé Leharivel-Durocher qui nous révèle que l’intéressé était doté d’un imposant appendice nasal.

 

Le médaillon de Leharivel-Durocher

Enfin comment ne pas avoir une pensée pour cette femme décédée avant ses trente ans et qui répondait au nom d’Euphrasie-Anthuse Harang ?

La si bien prénommée...

La si bien prénommée…

Adresse : rue Desmoueux (non loin du Jardin des Plantes).
Horaires : de 8h à 18h du 1er mars au 1er novembre.
de 8h à 17h du 2 novembre au dernier jour de février.