Ni très vaste ni très ancien (débuté au XVIIè siècle et profondément remanié au XIXè), l’édifice abrite néanmoins l’ultime repos d’un personnage illustre.

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Dans la chapelle Sainte-Anne, la troisième dans le côté droit de la nef, se remarque d’abord un vitrail montrant saint Baudile, patron de la ville de Nîmes (son nom fut donné au principal cimetière de la cité), lors de son supplice, au IVè siècle. L’oeuvre fut réalisée par l’atelier d’Édouard Didron, célèbre maître-verrier parisien du XIXè siècle dont le talent transparaît dans nombre d’églises et de cimetières.

L’autel de cette chapelle proviendrait de la nécropole arlésienne des Alyscamps. Il montre le Christ prêchant devant les Apôtres.

Enfin, et surtout, trône (côté gauche), le sarcophage coiffé de son buste du cardinal François Joachim de Pierre de Bernis (1715-1794) qui eut une existence des plus romanesques : ministre d’État, ambassadeur à Venise puis à Rome, membre de l’Académie française dès l’âge de 29 ans et côtoyant tout ce que son époque comptait d’esprits brillants et audacieux !

Celui que Jean-Marie-Rouart a baptisé le « Cardinal des plaisirs » dans la biographie qu’il lui consacra, fut un diplomate incontournable sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI mais aussi un prélat, entre autres archevêque d’Albi, et un homme de lettres. Si ses vers de jeunesse ont mal vieilli, ses Mémoires se lisent encore avec délectation. Correspondant de Voltaire, ami de la Pompadour, complice de Casanova lors de missions d’espionnage, il passa les vingt dernières de sa vie à Rome où il mourut après avoir perdu beaucoup de son influence (il était aussi ce qu’on appelle de nos jours un « faiseur de papes ») et tous ses titres officiels lors de la Révolution. On l’inhuma dans la Ville éternelle, en l’église Saint-Louis-des-Français, avant de le rapatrier à Nîmes en 1805. Son coeur, toutefois, est demeuré en son premier lieu de sépulture.

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Je relève ce soir dans sa Correspondance ce jugement adressé en 1758 au comte de Choiseul :
La plus méprisable des nations est aujourd’hui la nôtre, parce qu’elle n’a nulle espèce d’honneur et qu’elle ne songe qu’à l’argent et au repos. Nous touchons à la dernière période de la décadence.