Sous l’Ancien Régime se trouvait ici un cimetière où furent enterrées des victimes des combats de la Fronde après la journée du 2 juillet 1652. Aucune trace ne subsiste de leur inhumation.
C’est également en ce lieu, derrière la Bastille, que furent déposés les corps de nombreuses victimes la Révolution. D’abord les 73 guillotinés de la Bastille durant les trois jours où l’échafaud y fut dressé (du 9 au 12 juin 1794) avant son retrait en raison de la colère des riverains, mais aussi les premiers condamnés qu’on exécuta place du Trône-Renversé (notre actuelle place de la Nation). Le total des suppliciés serait d’environ 300.
On crut longtemps que Louis XVII, mort au Temple, aurait reçu sépulture ici. Il est aujourd’hui prouvé que c’est un autre enfant qu’on avait inhumé à cet endroit. Néanmoins, il demeure, contre l’église, une petite et modeste croix indiquant le lieu de l’ensevelissement. L’inscription L. XVII (1785-1795) y est parfaitement visible ainsi que cette épitaphe latine tirée du Livre des lamentations : Attendite et videte si est dolor sicut dolor meus (Vous qui passez, voyez s’il est une douleur comme la mienne).
Dans ce qui reste du cimetière de jadis (en fait, une infime partie) désaffecté en 1806, quelques pierres tombales anciennes dressées contre le mur de l’église se laissent encore déchiffrer, telle celle des marchands Bourlon père et fils, décédés en l’an II, l’un en vendémiaire, l’autre en messidor.
Autre résident du lieu, l’ébéniste parisien Georges Jacob (1768-1803), nommé Georges II Jacob ou Georges Jacob fils afin de n’être pas confondu avec son père qui fonda la dynastie.
Plus étonnante, l’épitaphe que j’ai relevée :
Cy git
Marc – Dieu – Donné Colin
Sa vie entière fut consacrée
à l’éducation de la jeunesse :
des moeurs pures, une piété éclairée
le rendaient digne de cette fonction sacrée
qui ne doit être confiée
qu’aux talents unis à la vertu :
L’Etat compte aujourd’hui
les citoyens qu’il lui donna.
Fidèle à l’Amitié, il avait des amis :
humain et bienfaisant
les pauvres le chérissaient.
Bon fils, bon époux, bon père
il laisse des regrets éternels
à sa veuve, à ses enfans
à ses frères, à ses soeurs
à ses élèves, à ses amis
qui lui consacrent ce monument
de leur tendresse, de leur respect,
de leur douleur.
Il était né le XIV mars 1747
Il mourut le XXVI nivôse an 10
ou XVI janvier 1802
Requiescat in pace.
Hormis cela, l’endroit, dominé par une jolie croix ancienne (1777), vaut par son calme mais n’offre que l’aspect d’une petite cour gravillonnée où sont garées quelques voitures. L’endroit n’est pas accessible au public sauf sur autorisation. S’adresser pour cela à la sacristie.