Quadrilatère dépourvu d’arbres, le petit cimetière campagnard de Droue-sur-Drouette, que ses monuments rendent bien triste, voit de plus en plus approcher les constructions pavillonnaires des mortels du secteur. Deux noms nous y attirent qui raviront les cinéphiles.
Quelques minutes suffisent pour découvrir (vers le fond et sur la droite) la sépulture végétalisée et coiffée d’une croix du cinéaste Robert Bresson (1901-1999). Son oeuvre, qui ne compte que treize longs-métrages (le plus souvent des adaptations comme Les Dames du Bois de Boulogne d’après un passage de Jacques le Fataliste de Diderot, Le Journal d’un curé de campagne et Mouchette d’après Bernanos, Une femme douce et Quatre nuits d’un rêveur d’après Dostoïevski, Lancelot du lac d’après Chrétien de Troyes ou L’Argent d’après Tolstoï), dominée par l’épure et peu accessible au grand public, témoigne d’une telle exigence littéraire que Jean Tulard s’est permis ce commentaire : On a dit de lui que son idéal était un écran blanc pendant qu’une voix monocorde lirait en off Le Discours de la méthode de Descartes.
Plus près de l’entrée, côté gauche, repose l’historien du cinéma et écrivain Georges Sadoul (1904-1967) qui fut membre du groupe des surréalistes. Résistant, communiste, il devint le critique cinématographique des Lettres françaises et laissa une Histoire générale du cinéma en six volumes qui fut reconnue jusqu’à sa mort mais est désormais très controversée en raison de ses lacunes méthodologiques et de son militantisme.
Rien d’autre à mentionner hormis le général de division aérienne Francis Grison (1915-1976).
Ne pas chercher ici la tombe du comédien Victor Lanoux (1936-2017) qui résidait dans la commune (l’autre habitant illustre du village est aussi comédien, Pierre Richard, mais nous nous souhaitons de ne pas avoir à inscrire son nom sur ce site avant longtemps) : il fut crématisé et ses cendres répandues dans une rivière afin de rendre aux poissons un peu de ce qu’il leur avait pris.