Ce cimetière en bord de route ne se distinguerait pas des autres, un banal quadrilatère dépourvu d’arbres où les monuments funéraires modernes sont frappés d’alignement, s’il n’abritait la tombe de l’écrivain Jean-Edern Hallier (1936-1997).

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Le polémiste, qui devait son second prénom à ce village breton où sa famille possédait le manoir de la Boixière (aujourd’hui en piteux état), repose au fond de l’enclos. À coté de sa tombe, dominée par une grande croix de granit plus originale que ses voisines, un banc attend le visiteur. Sur la dalle, outre son identité, se déchiffre cette épitaphe :

Qu’il soit permis
À tout le monde
De rêver comme j’ai vécu.

 

Grande figure et grande gueule du monde littéraire, Jean-Edern Hallier fut tout à la fois romancier (Chagrin d’amour, Le Premier qui dort réveille l’autre, L’Évangile du fou…), journaliste (L’Idiot international), critique littéraire et même animateur de télévision (Jean Edern’s club).
Son cabotinage, ses outrances (les attentats fomentés contre Françoise Mallet-Joris ou Régis Debray, les coups de poing échangés avec François Chalais) et son goût du scandale occultèrent son talent d’écrivain. Habitué des tribunaux, il fut plus d’une fois condamné pour propos outrageants ou diffamatoires.

Ceux qui l’ont connu savent les menaces qu’il avait affrontées lorsqu’il avait voulu révéler l’existence de la fille cachée de François Mitterrand (L’Honneur perdu de François Mitterrand ne parut qu’en 1996).
Il mourut dans des circonstances troubles, d’une chute de bicyclette (il était presque aveugle à la fin de sa vie) dans les rues de Deauville, un matin d’hiver, sans témoins. Plusieurs de ses proches, dont son frère, mirent en cause l’hypothèse de l’accident.

Pendant plusieurs années, aucun monument ne surmonta sa tombe qui offrait l’image d’une sépulture à l’abandon. L’oubli est réparé et on ne peut que reconnaître à sa dernière demeure un cachet singulier et élégant.

On admirera aussi, mais la remarque est valable pour tant de cimetières bretons, la beauté du calvaire central.

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