Cimetière à l’écart du village, bien entretenu, dans un cadre qui serait apaisant sans la proche présence des grands pylônes d’une ligne à haute tension.

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Une seule sépulture y présente de l’intérêt, celle de deux frères d’origine belge qui, sous le même pseudonyme (le nom de jeune fille de leur mère), s’illustrèrent dans deux domaines distincts.

L’aîné, André Castelot (André Storms) (1911-2004), fut le célèbre vulgarisateur historique dont les écrits passionnèrent la France pendant cinquante ans. Il fut un temps où chaque bibliothèque familiale comptait au moins un volume signé André Castelot, le plus souvent des biographies de personnages de la Révolution ou de l’Empire, des évocations d’énigmes comme le destin de Louis XVII ou encore des récits évoquant les amours romanesques de nos rois et reines. Il signa aussi des centaines d’articles dans la presse, principalement dans Historia et Le Figaro. Avec son complice Alain Decaux (1925-2016), inhumé au Père-Lachaise, il fit enfin entrer le récit historique à la télévision (La Caméra explore le temps) et à la radio (La Tribune de l’Histoire).
Son immense succès populaire fit oublier les mauvais choix qui avaient été les siens dans sa jeunesse : secrétaire de l’écrivain collaborationniste (prix Goncourt 1911) Alphonse de Châteaubriant (devenu le compagnon de sa mère) et rédacteur du journal d’extrême-droite La Gerbe. À la Libération, Alphonse de Châteaubriant fut condamné à mort par contumace (il mourut en 1951 dans un couvent du Tyrol) et André Castelot acquitté (après plusieurs moi d’incarcération à Fresnes) par la Cour de justice mais interdit pendant deux ans de toute publication.
Il embrassa ensuite la carrière que nous connaissons.

Il a rejoint dans la tombe son frère cadet, le comédien Jacques Castelot (Jacques Storms) (1914-1989) qu’on vit dans Les Enfants du paradis mais aussi dans plusieurs films signés Pierre de Hérain, beau-fils du maréchal Pétain.
Né sans particule, son profil d’aigle, sa voix dédaigneuse, ses traits hautains, sa bouche mince et méprisante lui donnent une allure aristocratique que le cinéma a largement soulignée. (O. Barrot et R. Chirat, Noir et blanc, 250 acteurs du cinéma français 1930-1960, Flammarion, 2000).

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Contre le mur du cimetière de Port-Mort sont relégués les débris de vieux tombeaux dont plus personne ne racontera l’histoire des occupants.

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