Au-dessus du village, dans un cadre verdoyant (au coeur de la forêt ardennaise, dans la vallée de la Semoy), un chemin isolé mène à ce cimetière qui mérite qu’on franchisse son beau portail de pierre blonde, enrichi du sablier ailé, pour en découvrir les secrets.
La romancière Eva Thomé (1903-1980) en est l’occupante la plus illustre. Native du village, professeur de philosophie, elle fut l’amie d’André Dhôtel à qui elle consacra une étude.
Dans l’angle, une statue de femme éplorée semblant échappée de la Grèce antique, une lyre à ses pieds, veille le peintre aquarelliste Pierre Plateau (1909-1998).
Mentionnons aussi l’industriel Just Doudoux (1883-1937), ainsi que le sergent-aviateur Jean Guiny, mort accidentellement (l’avion où il se trouvait s’écrasa dans le bois de Clamart) en 1953 à l’âge de 22 ans.
J’ai relevé cette épitaphe sur la tombe d’un jeune homme fauché à dix-sept ans :
Tombé en terre
Le grain porte le fruit
Phénomène rare dans un si petit périmètre, de nombreux prénoms surannés ont complété mon glanage : Aglore, Alexisse, Arseline, Emerille (dans la même tombe qu’Aglore, cité plus haut), Eudore, Nephtalie, Orphise, Ovide (directeur d’école à Mézières), Pierronne, Uranie.
Concluons par cette supplique :
Ô dieu lointain
prends en pitié
celui qui est pauvre
et unique
Et, ce sage conseil :
Au revoir,
Et sois dans la joie.