Que de beaux cimetières à visiter en suivant les boucles du Lot !

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Faire étape à Touzac donne l’occasion d’évoquer la comédienne Marguerite MORENO (1871-1948) au sujet de laquelle on ne saurait mieux dire que son biographe, Raymond Chirat (La Vie de Marguerite Moreno, éditions du Rocher, 2003) :
Léautaud, sensible à son esprit l’a épinglée dans son « Journal » : « C’est la malice et la satire féminines en personne », et son premier mari, Marcel Schwob, l’a croquée voluptueusement : « Belle et longue de corps et de couleur très désirable. »
Artiste qui brilla constamment au firmament du théâtre, elle séduisit les symbolistes et Mallarmé, Jarry et Apollinaire. Échappée de la Comédie-Française, rivale de Sarah Bernhardt, sollicitée par Lucien Guitry, elle passa, souveraine, désabusée, du boulevard au cabaret, du mélodrame à la comédie. En disant les vers comme nul ne savait le faire, elle personnifiait la Poésie.
Intelligente, elle écouta sa grande amie Colette et conquit estime et popularité en se prodiguant au cinéma. Courageuse, elle se moqua des disgrâces d’un âge avancé et mit les rieurs de son côté. Grâce à la complicité de Jouvet, elle atteignit son apogée en glorieuse
Folle de Chaillot, au soir de sa vie.

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Cliquer ici pour la découvrir, délectable, en comtesse sur le retour et chasseuse de gigolos dans Le Sexe faible (1933) aux côtés de Victor Boucher et Philippe Hériat.

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Colette, qui l’appelait « Malguelite » a raconté dans La Jumelle noire (Ferenczi, 1934) :
Je prête à Moreno un mot que je veux qu’elle ait dit. Pendant une prise de vues, le metteur en scène lui crie « Attention, bon Dieu, Moreno, tu es jolie. – Je te demande pardon mon vieux, répond Moreno, j’étais distraite.

Morte dans sa maison de Touzac (la célèbre « Source bleue »), elle est inhumée sous le massif monument de famille. Son épitaphe (C’est l’oubli des vivants qui fait mourir les morts.) s’accompagne d’une croix de Lorraine et de la lettre V de la Victoire.

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Avec elle reposent son cousin, le comédien Pierre MORENO (Yves Pierre Bouyou) (1899-1965) qui fut souvent son partenaire à l’écran ainsi que Micheline BOUYOU-MORENO (1909-2009).
Famille où sont appréciés les textes gravés sur les tombes car du premier nous apprenons Sa devise était : « Les pieds sur la terre et la tête au Ciel ». tandis que la seconde proclame « Dites-vous bien que je suis heureuse. »

On ajoutera, lue sur une autre tombe, cette émouvante marque de gratitude :

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Enfin, ce vers de Péguy gravé sur un monument récent et rendant hommage aux arbres : Et l’arbre de la grâce est raciné profond.

En quittant les lieux, on ne manquera pas d’admirer ses cyprès dont l’ombre est réconfortante pour le pélerin.

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