Un cimetière qu’on met du temps à rallier mais peu à visiter…
Au bout, tout au bout, de l’interminable plage d’Ostende (où furent confiées au vent les cendres de Maurice Béjart) apparaît l’église Notre-Dame-des-Dunes de l’ancienne commune de Mariakerke (désormais section d’Ostende) entourée d’un petit (quelques dizaines de tombes éparpillées) cimetière atypique, à peine séparé du monde des vivants par un minuscule muret discontinu. On y vient à pied, en voiture mais aussi à vélo…
Un personnage de premier plan, emblématique de la ville (il y naquit et y mourut), repose ici : le peintre et graveur expressionniste James Ensor (1860-1949).
Fils d’un Anglais et d’une Flamande qui vendait, entre autres, des masques de carnaval dans sa boutique de souvenirs, il ne quitta jamais Ostende que pour mieux y revenir, dégoûté de ses contemporains et déçu de ses errances.
Si ses premiers tableaux (ci-dessous, La Cabine de bain, exécuté à l’âge de seize ans) révèlent l’influence impressionniste,
il évolue ensuite vers un réalisme quelque peu angoissant, sacrifie à un symbolisme teinté d’une morbidité très fin-de-siècle puis aborde l’expressionnisme, ses formes exagérées et ses couleurs flamboyantes.
À la détresse psychologique, à l’étonnement inquiet de ses personnages réalistes, succède une parodie des sentiments et des gestes précédemment exprimés, une comédie jouée par des masques et des squelettes qui cherchent davantage à intriguer qu’à terroriser en refaisant dans leur monde irréel les gestes quotidiens de la vie… (Sophie Monneret, L’Impressionnisme et son époque, « Bouquins », Robert Laffont, 1987, volume 1, p. 223).
S’il mourut presque nonagénaire en 1949, on s’accorde à reconnaître que sa période la plus géniale et féconde ne dura que de 1879 à 1892.
La visite de sa maison, bientôt rouverte au public (elle est fermée pour travaux jusqu’à l’automne 2018) permet de mieux comprendre la sensibilité de cet anarchiste excentrique.
Autre résident notable du cimetière, l’ingénieur et ancien bourgmestre d’Ostende Henri Serruys (1888-1952).
Pour le reste, on ne restera sur place que quelques minutes, croisant à la belle saison des estivants venus de la plage voisine ou de la terrasse des cafés d’en face.