Ici, le cimetière ne se trouve pas autour de l’église mais à la sortie du bourg, sur la route de Saint-Gilles (à proximité d’une étonnante impasse Pierre-Desproges). L’endroit n’est guère arboré mais propre et aéré.

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Autour de la croix centrale, on remarque quelques tombes de notables dont celles de l’ancien maire Ferdinand Leplatois (1883-1961), d’Ernest Leturc, conseiller à la Cour de Cassation et d’A. Osmond (1841-1908), juge de paix honoraire.

À l’entrée, à droite, se trouve la tombe du plus illustre enfant du pays, le poète Jean Follain (1903-1971) qui chanta son pays natal dans un recueil éponyme et sut exalter l’immuabilité des choses tout en se distinguant des surréalistes qui dominaient alors la scène littéraire. Il faut entendre sa voix mieux qu’une autre raconter la touffeur des étés normands et leurs orages :
Le tonnerre et l’éclair, j’en avais peur. À chaque éclair, je faisais comme mes grand-mères un signe de croix. On était alors autour de la table attendant la fin de l’orage. Dès qu’on avait vu le ciel se noircir, les draps immenses avaient été enlevés qui séchaient dans les jardins surchauffés.
L’on connaissait aussi les soleils forcenés, les facteurs seuls sur les routes.
Des hommes fauchaient les épis et les fleurs du même coup.
La figure de quelque voisin haï apparaissait derrière leur haie. Lui aussi, il avait chaud, peut-être plus qu’eux, ils le remarquaient, ils s’en réjouissaient sans creuser plus loin dans leur âme.

Il mourut renversé par une voiture en plein Paris, au débouché du tunnel des Tuileries, alors qu’il rentrait d’un banquet, puis inhumé dans la tombe de son grand-père notaire, Jean Heussebrot (1847-1899).

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Avec lui repose son épouse, l’artiste peintre Madeleine Dinès (1906-1996), fille du peintre Maurice Denis (inhumé à Saint-Germain-en-Laye).

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Dans ce même enclos familial, celui des Heussebrot, l’épitaphe (gravée sur une colonne de marbre blanc) de la petite Noémie Heussebrot, morte à 7 ans en 1895, est émouvante :

Enfant chérie
Douce petite image
le
souvenir du bonheur
que
tu nous as donné
et la douleur
de t’avoir perdue
nous suivront
jusqu’à la mort.

Le poète Jacques Réda qui fit le pèlerinage a tout dit de la tombe de Follain en quelques vers :

Son nom n’est même pas gravé sur la pierre tombale
Mais sur un bout de marbre blanc qu’on a posé dessus.
Il est probable que la pluie et le vent le brimbalent
C’est bien. Les amateurs de grandiose seront déçus.