Un vrai cimetière de proche banlieue avec ses alignements de tombeaux datant de la IIIè république, ses monuments aux morts, ses médaillons de bronze, le tout dans un environnement pavillonnaire qui laisse accroire Paris lointaine.
Trois quarts d’heure suffisent à le visiter en privilégiant le souvenir de Léo Malet et, bien sûr, celui de Théodore Monod.
Ne respectons pas l’ordre chronologique mais la disposition des tombes.
À l’entrée, un monument aux morts célèbre la mémoire de 55 soldats français tués aux combats de Châtillon, le 19 septembre 1870 (début du siège de Paris les Prussiens).
À côté, l’Arsenal de l’Aéronautique rend hommage à ses morts de la Guerre 1939-1945.
Non loin, des soldats allemands morts en 1870, sont regroupés dans une sépulture commune.
Enfin, un mémorial est dressé à la gloire des enfants de Châtillon morts entre 1914 et 1918.
Ensuite, je recommande de privilégier les sépultures suivantes :
Suzanne Berchot (1902-1918), sous un médaillon de Calvet.
Gabriel Coquelin (1851-1927), statuaire, auteur du médaillon ornant sa stèle.
Margueritte Genestal (+ 1918, à quatorze ans), sous un monument original composé d’une stèle en mosaïque et grès avec le buste (encadré de… marguerites) de la jeune fille par Calvet.
Antoine Lasègue (1792-1873) (plusieurs sources le disent né en 1793 mais 1792 est la date gravée sur la tombe), botaniste, bibliothécaire de Benjamin Delessert (inhumé au cimetière de Passy).
Avec lui repose son fils, Ernest-Charles Lasègue (1816-1883), médecin aliéniste qui étudia l’hystérie et laissa son nom à une forme de paranoïa (maladie de Lasègue). Charles Desouches signa son médaillon.
Léonard Mafrand (1857-1937), maire du XIVè arrondissement de Paris.
Léo Malet (Léon Malet) (1909-1996), écrivain qui fréquenta les milieux surréalistes dans les années 30 avant de donner naissance au détective Nestor Burma (« homme qui met le mystère K. O. ») et de décrire le Paris de l’après-guerre dans les quinze romans qui composent les « Nouveaux Mystères de Paris ».
Théodore Monod (1902-2000). Que dire de ce homme dont la vie épousa le XXè siècle et qui fut, selon l »expression, « le dernier des grands naturalistes », tout à la fois biologiste, géologue, spécialiste des déserts, mais aussi écrivain et humaniste, militant inlassable du respect de la vie et grande figure du protestantisme français ? Nonagénaire, il continuait à venir régulièrement au Père-Lachaise sur la tombe de ses ancêtres, éblouissant tous ceux qui l’approchaient par l’étendue de ses connaissances jointe à une vraie simplicité. Rappelons ce qu’il nous avait dit, un jour de 1990, « Le tout petit peu que nous pouvons faire, même si cela semble n’être rien, eh bien, il faut le faire quand même ! »
Ayant eu le privilège d’être reçu par lui dans son bureau du Muséum, je me souviens qu’il avait évoqué sa mort comme un événement attendu « sans impatience mais avec une très grande curiosité ». Et il avait ajouté qu’il reprochait à ce petit cimetière de Châtillon de ne pas être assez arboré. Lors de ses obsèques, on avait fait sortir de sa retraite normande son dromadaire, Tatatouine, dont la présence incongrue au milieu des tombes provoqua quelques sourires ce jour de la fin novembre 2000.
À chaque visite, je constate qu’il n’est pas oublié et que de discrets hommages (minéraux…) ponctuent la dalle familiale.
Il a, en effet, rejoint ici son père, le pasteur Wilfred Monod (William Frédéric Monod) (1867-1943) qui fonda (avec lui, alors tout jeune) le Tiers-ordre des Veilleurs (devenu la Fraternité spirituelle des Veilleurs) (il a pour épitaphe Connaître Christ), sa mère, Dorina Monod (1868-1962), son épouse Olga (née Pickova) (1900-1980), d’origine tchèque, et son frère, Silvain Monod (1896-1987).
Charles Aristide Perrotin (1794-1866), rescapé de la campagne de Russie devenu l’éditeur exclusif de Béranger (qui fit de lui son exécuteur testamentaire) et qui publia aussi les oeuvres de Wilhelm et de George Sand. Le médaillon de sa stèle est d’Adam-Salomon.
Edmond de Pressensé (1824-1891), pasteur protestant et théologien, député de la Seine de 1871 à 1876, membre de l’Institut.
Élise de Pressensé (1826-1901), femme de lettres suisse, épouse du précédent.
Francis de Pressensé (1853-1914), fils des précédents, journaliste, homme politique, co-fondateur de la Ligue des droits de l’homme dont il fut le deuxième président (de 1903 à 1914), défenseur acharné d’Alfred Dreyfus (ce qui lui valut d’être radié de l’ordre de la Légion d’honneur par Félix Faure).
Jean Richard (1920-1992), général.
Une épitaphe encore très lisible, gravée sur la tombe d’un homme, mort en 1828, à 46 ans :
Après une existence assidûment laborieuse, il fut ravi au tendre amour de sa nombreuse famille au moment où la vie n’eût plus été pour lui qu’un vaste champ de fleurs.
Une autre, plus récente : Jusqu’à mon dernier souffle.
Adresse :
20 rue Pierre-Brossolette.
Horaires :
du 1er avril au 30 septembre : 8h – 19h.
du 1er octobre au 2 novembre : 8h – 17h30.
du 3 novembre au 31 janvier : 8h30 – 17h.
du 1er février au 31 mars : 8h – 17h30.