Au nord de la commune, rattrapé par la circulation moderne et désormais vilainement situé en bordure d’un rond-point, ce petit cimetière vaut pourtant à divers titres qu’on s’y arrête.
Une des deux grandes chapelles dominant le site porte à son fronton l’inscription latine « In te, Domine, speravi » (« En toi, Seigneur, j’ai mis mon espérance »).
Fort délabrée, elle abrite néanmoins la sépulture d’un homme politique, militaire et diplomate portant un des noms les plus illustres de l’Ancien Régime précédé de trois prénoms qui le distinguent : Casimir Louis Victurnien de ROCHECHOUART de MORTEMART (1787-1875).
Officier d’Empire ayant participé aux campagnes de Prusse, de Pologne, d’Autriche et de Russie, rallié aux Bourbons en 1814 et nommé pair de France par Louis XVIII, il fut ambassadeur de Charles X à Saint-Pétersbourg et appelé en dernier recours par ce dernier (le roi lui glissa sa nomination dans sa ceinture) pour composer un ministère le 29 juillet 1830, ultime journée des « Trois Glorieuses » alors que Paris grondait, les émeutiers chassant les troupes royales, et que Polignac venait de démissionner. Les concessions qu’il fit aux insurgés le lendemain valurent à son émissaire dépêché à l’Hôtel-de-Ville de recevoir la célèbre réponse de La Fayette « Hier, il eût été temps ; aujourd’hui il est trop tard ! ».
Dépourvu d’autorité comme de pouvoir, il fut englouti le 1er août par la vague révolutionnaire qui noya la monarchie légitime mais se rallia par intérêt à Louis-Philippe qui le nomma à nouveau ambassadeur en Russie. Nommé sénateur par Napoléon III, il acheva sa longue existence entamée sous Louis XVI en assistant à la naissance de la IIIè République et mourut dans son château de Neauphle-le-Vieux désormais transformé en centre équestre.
Parmi les nombreux descendants inhumés avec lui, l’épouse d’un de ses arrière-petits-fils, la compositrice Armande de POLIGNAC (1876-1962).
Élève de Gabriel Fauré, Eugène Gigout et Vincent d’Indy, dont elle partageait l’idéal, elle laissa de nombreuses mélodies en vogue à la Belle Époque, à l’image de cet extrait d’un Nocturne pour harpe (1912) ici interprété par Anthony Castin.
Il faut ensuite passer devant la très imposante chapelle de la famille CARON de FROMENTEL, originaire du Pas-de-Calais, pour découvrir la partie moderne du cimetière.
Tout au fond, apparaît la si modeste dalle sous laquelle est inhumé Robert LAMOUREUX (1920-2011) qui connut autant de succès au cabaret (La Chasse au canard) qu’au cinéma (la trilogie de la « 7è Compagnie ») et au théâtre (Le Charlatan, Diable d’homme).
Il repose auprès de sa seconde épouse, la comédienne Magali de VENDEUIL (1926-2009) qui fut pensionnaire de la Comédie-Française avant d’apparaître sur scène le plus souvent à son côté.
En regagnant la grille d’entrée, on notera le contraste de ces vieilles stèles alignées devant la trappe de l’ossuaire communal avec cette petite statue installée sur une tombe contemporaine.
Enfin, les amateurs de bestiaire funéraire ne manqueront pas la sépulture de ce défunt visiblement cheloniophilie (ainsi nomme-t-on les amoureux des tortues).