Ce cimetière des Bartins, créé sous le Second Empire (1866) pour prendre le relais du cimetière du Moutier (le transfert des sépultures n’eut lieu qu’au début des années 1880) vaut qu’on s’y arrête : environ 16000 sépultures réparties sur 13 hectares et, parmi leurs occupants, de nombreuses célébrités dans les domaines les plus divers (littérature, sport, cinéma, vie militaire…). La zone située près de l’entrée est de loin la plus intéressante; on la privilégiera en cas de visite rapide.

J’ai toujours été très bien reçu par le personnel du cimetière de Vichy. Que ce soit il y a plus de vingt ans ou encore tout récemment, les différents employés de la Conservation m’ont renseigné avec précision, professionnalisme et gentillesse. Qu’ils soient ici tous remerciés.

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Alquié Jean-Dominique (+ 1868), médecin militaire nomme médecin inspecteur des eaux en 1856. Carré 4.

Baratier Eugène (1865-1927), marchand de toiles, conseiller général et premier adjoint au maire de Vichy mais surtout oncle maternel d’Albert Londres (voir plus loin).

Baslangic Kemal (né en 1930) et Edda (née en 1939). Au columbarium, ce couple, encore bien vivant, sourit au passant et annonce son métier : Dresseurs d’ours !

Bernard François (+ 1888), peintre. Carré 2.

Berthomier Pierre (1910-1944), pilote aviateur entré dans la Résistance sous le nom de Goéland. Déporté et assassiné au camp du Struthof. Carré 4.

Brisard Ferdinand (1870-1964), peintre. Carré 5.

Bulot Christophe-Théodose (1800-1842), maire de Vichy de 1833 à 1842, et son fils, Alfred Bulot (1831-1895), maire de Vichy durant quelques mois en 1878. Carré 1.

Chanel Henri (+ 1913) et son épouse, Émilie (+ 1912), grands-parents de Coco Chanel (inhumée en Suisse, à Lausanne, au cimetière du Bois-de-Vaux). Carré 12.

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Charnaux Madeleine (1902-1943), aviatrice mais aussi sculpteur et écrivain. Mur de gauche.

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Coulon Pierre (1913-1967), maire de Vichy de 1950 à 1967, député de l’Allier de 1951 à 1962, président du conseil général de l’Allier de 1961 à 1967. Il modernisa profondément la ville. Carré 4.

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Coursol Pierre (1902-1994), résistant (ami personnel de François Mitterrand), président du club sportif de la Jeanne-d’Arc de Vichy de 1954 à 1975. Mur de gauche.

Debrest Ferdinand (1838-1914), maire de Vichy de 1893 à 1900. Carré 7.

Décoret André (1832-1902), historien local, et ses deux fils : Joseph Décoret (1862-1899), explorateur et Henri Décoret (1865-1914), architecte. Mur de gauche.

Deloger Pierre (1890-1985), baryton et directeur de théâtre qui connut tous les grands noms de l’art lyrique de son temps, depuis Chaliapine jusqu’à Ninon Vallin. Carré 13.

Desormière Roger (1898-1963), compositeur et chef d’orchestre. Il fut le directeur musical des Ballets russes de 1925 à 1929. Au plan privé, il était le gendre du dessinateur Steinlen. Carré 15.

Devaux Paul (1894-1949), graveur. Carré 2.

Dubois Amable (1797-1871), médecin et homme politique, député de la Somme de 1848 à 1851, inspecteur des eaux de Vichy, auteur d’un Manuel du malade à Vichy. Carré 2.

Dufau Gérard (1924-2002), joueur de rugby, demi de mêlée de l’équipe de France de 1948 à 1957 (38 sélections). Columbarium.

Dulau Jean-Pierre (1912-2009), héros des combats de Bir-Hakeim et El Alamein, Compagnon de la Libération. Carré 14.

Dullac Paul (1882-1941), comédien (de son vrai nom Paul Gouteredonde), l’inoubliable Escartefigue de la « partie de cartes » de Marcel Pagnol. Sa tombe semble avoir été reprise.

Durin Georges (1843-1933), maire de Vichy de 1879 à 1893. C’est sous son premier mandat qu’eut lieu le transfert du vieux cimetière du Moutier vers celui des Bartins. Carré 2.

Faurisson Robert (1929-2018), militant négationniste.

Fischer Lucien (1819-1884), peintre. Un médaillon orne sa tombe. Carré 6.

Gabin-Moncorgé Christiane (+ 2002, à 84 ans), troisième et dernière épouse de Jean Gabin. Née Christiane Fournier, elle avait été mannequin chez Lanvin sous le nom de Dominique Fournier. Carré 2.

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Germot Maurice (1882-1958), célèbre joueur de tennis de la belle époque. À l’intérieur de l’opulente chapelle de famille où il repose auprès de ses aïeux, une plaque apprend, ou rappelle, qu’il fut champion de France, champion olympique et champion du monde de lawn-tennis. Il remporta la médaille d’or du double messieurs aux Jeux olympiques de 1912, à Stockholm. Carré 3.

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Guillermen Antoine, hôtelier, maire de Vichy de 1857 à 1860. Carré 3.

Jouannault Georges (+ 1912), victime du naufrage du Titanic. Inscription in memoriam sur le tombeau de famille. Carré 2.

Jurietti Jacques, entrepreneur de jeux. Le monument des familles est très chargé (croix ornée d’angelots, buste du pater familias, statue de pleureuse, le tout dans un enclos) et a bien souffert du temps qui a passé mais le visage de la femme en pleurs retient l’attention. Mur de gauche.

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Lacarin Jacques (1912-2009), médecin et homme politique. Maire de Vichy de 1967 à 1989, député de l’Allier de 1986 à 1988. Son nom a été donné au centre hospitalier de la ville. Carré 8.

Larbaud Nicolas (1822-1889), pharmacien et industriel, fondateur de la station thermale de Saint-Yorre. Père de l’écrivain Valery Larbaud (voir ci-dessous). Carré 3.

Larbaud Valery (1881-1957), écrivain. Fils du précédent dont la mort fit de lui un très jeune orphelin richissime, il mena d’abord une vie, nomade et luxueuse avant de révéler un talent littéraire qui le place parmi les plus grands et les plus nobles de nos stylistes. Ne pas mourir sans avoir voyagé dans le sillage de son double, A. O. Barnabooth. Carré 3.

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Lasteyras Louis (1851-1931), maire de Vichy de 1900 à 1912 puis de 1925 à 1929. Carré 14.

Léger Pierre-Victor (1882-1950), maire de Vichy de 1929 à 1944 (destitué) puis de 1949 à 1950. Carré 8.

Leroy Norbert (1802-1886), maire de Vichy de 1860 à 1865. Carré 2.

Londres Albert (1884-1932), journaliste devenu une figure emblématique de la profession. Ce grand reporter, natif de Vichy, disparut dans des circonstances jamais élucidées lors du naufrage du paquebot Georges-Philippar. Il s’agit donc, bien sûr, d’un cénotaphe. Dans la tombe repose en revanche, la fille d’Albert Londres, Florise Martinet-Londres (1904-1975) créatrice du prestigieux prix Albert-Londres qui récompense encore chaque année un journaliste de la presse écrite (ainsi, depuis 1985, qu’un journaliste de l’audiovisuel). Carré 5.

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Lucas (baron) (1768-1833), médecin. Il acheta pour le compte de l’État la source froide qui porte son nom. Carré 2.

Nigay Pierre (1903-1973), député de l’Allier de 1951 à 1955. Carré 21.

Noyer Victor (1795-1860), médecin et homme politique, maire de Vichy de 1853 à 1857. Carré 4.

Parély Mila (1917-2012), comédienne (La Règle du jeu, La Belle et la Bête). Inhumée avec son mari T. Mathieson (1908-1991), pilote automobile écossais. Mur du fond, au-dessus du carré 28.

Peltier Adrien (1903-1982), brigadier de police qui joua un rôle important dans la Résistance à Paris et la libération de la capitale. Compagnon de la Libération. Carré 27.

Péquet Henri (1888-1974), aviateur, pionnier de la Poste aérienne. En 1911, il fut le premier aviateur au monde à transporter du courrier (entre deux villes indiennes distantes d’une dizaine de kilomètres). Pilote-mécanicien en 1914-1918, résistant en 1939-1945. Carré 4.

Percilly Antoine (1858-1928), architecte qui a embelli Vichy de nombreuses villas (dont la villa Décoret) et réalisé le Pavillon des thermes Lardy. Carré 5.

Perrin Armand (1835-1893), entrepreneur qui ouvrit en 1881 un fameux « Hammam vaporifère » qui fonctionna jusqu’en 1923. Carré 1.

Pétillat Antoine (1834-1920), inventeur et philanthrope. Cet industriel, exemple parfait de l’autodidacte, avait commencé comme berger avant de devenir un employeur paternaliste. Il raconta son étonnante réussite dans un livre Le Petit Berger millionnaire.

Poilpré (chapelle). Rien ne la distingue a priori mais elle recèle une extraordinaire curiosité : dans sa crypte repose une ancienne danseuse étoile, par ailleurs maîtresse de Ferdinand de Lesseps dont le visage embaumé fut longtemps visible grâce à une ouverture pratiquée à cet effet. L’accès à la tombe est désormais impossible. Carré 6.

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Ramin-Prêtre Claude (1795-1852), maire de Vichy de 1843 à 1848. Carré 1.

Salan Raoul (1899-1984), un des quatre généraux du putsch d’Alger. Sur la pierre tombale, un casque de poilu (dit casque Adrian) et l’inscription Soldat de la Grande Guerre. Deux plaques ont été déposées en 1985 et 2000 par Bernard Simon (décédé en décembre 2013), maire de Blotzheim (Haut-Rhin), ville libérée par le général Salan. On lit sur l’une d’entre elles : Pour pérenniser la reconnaissance de la ville de Blotzheim à l’égard de son libérateur – le Général SALAN qui a su dire non à tous les abandons -, l’actuel conseil municipal conduit par le Maire, Bernard Simon, de passage à Vichy, a tenu, à l’orée de ce nouveau millénaire, à faire acte de mémoire et de gratitude renouvelée par l’inscription en ce lieu de recueillement de son immuable affection. Le 15 septembre 2000. Carré 1.

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Soalhat Louis (1839-1879), juge civil au tribunal d’Etampes, était, selon son épitaphe, fils affectueux, bon époux, excellent père, il emporte les regrets de tous ceux qui l’ont connu et laisse se parents dans la plus profonde affliction (texte ô combien classique mais belle stèle ouvragée avec sablier ailé et deux flambeaux retournés, symboles du feu qui s’éteint et donc de la vie achevée).

Specht (le sergent) (1831-1893). Curieux monument montrant un buste de militaire moustachu au sommet d’un fût étroit. Une plaque nous renseigne :
Passant qui vois cette tombe / Et veux savoir qui je fus / Avant qu’ici je tombe / Un soldat, rien de plus / J’avais nom Specht, j’étais d’Alsace / De généreux amis m’ont donné cette place / Pour reposer en paix / Et je dois cette pierre au Souvenir français. Décoré de la Médaille militaire, le sergent Specht se distingua en Crimée, Italie, Afrique et Chine ainsi que durant la guerre de 1870. Carré 4.

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Stener Guy (1931-1967), joueur de rugby (trois-quarts), cinq fois international entre 1956 et 1958. Carré 26.

Thévenin Henri (1922-1993), compositeur, organiste et écrivain. Son nom n’apparaît pas sur la tombe. Carré 1.

J’ai aussi admiré la précision de l’épitaphe d’une ex-institutrice brevetée du degré supérieur, ex-professeur de sténographie de l’association polytechnique des 10ème et 11ème Arrondissements de Paris. Elle mourut en 1890.
Sur une stèle récente est gravée cette réflexion (hélas entachée d’une faute d’orthographe) : Ce que la chenille appelle la fin du monde, le maître l’appele (sic) un papillon.
Parmi les prénoms rares, j’ai glané dans les allées Quintien, Francienne, Fausta et Vitaline.

Ma dernière déambulation entre les tombes vichyssoises s’est conclue avec ce dauphin échoué si loin de la mer…

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Adresse :
17 rue des Bartins.

Horaires (admirable amplitude à la belle saison) :
Printemps-été : 7h-20h.
Automne – hiver : 8h-18h.

En quittant Vichy, l’amateur de tombeaux prendra la direction de Saint-Germain-des-Fossés (12 kilomètres au nord) où repose Fernand Raynaud