Je tape parfois (souvent, pour être plus juste, chaque jour, en fait, pour dire la vérité) sur mon clavier d’ordinateur les noms de personnes dont je n’ai plus de nouvelles en espérant chaque fois recevoir un petit signe de vie sous forme d’une publication ou d’une photo récentes. Hélas, il arrive qu’une triste nouvelle scande ma requête.
Ce fut le cas cet après-midi quand j’ai appris le décès, survenu le mois dernier, de Jacques Bal (1940-2025).
Je l’aimais beaucoup et voici, sur cette caricature, l’image que je garde de lui à l’époque où nous nous rencontrions fréquemment, aux feus studios de Boulogne où la télévision, alors moins sérieuse et compassée qu’aujourd’hui, enregistrait quelques-uns de ses programmes. Il y était producteur et m’avait un peu mis le pied à l’étrier. Durant quelques années (1989-1992), dans les coulisses ou à la cantine, je me suis réjoui de le retrouver chaque fois aussi jovial (employons le mot, c’était un franc déconneur), chaleureux, souriant et moustachu !, toujours prêt à raconter une histoire, à confier un aphorisme (« Si tous les cons avaient un bonnet blanc, on dirait « Tiens, il neige ! » ») ou à entonner une chanson. Ainsi le jour où il fit venir son copain Pierre Vassiliu est-il demeuré gravé dans ma mémoire.

Avant cette carrière derrière le décor, cet Arcachonnais (né au pire moment, en mai 1940 ; peut-être est-ce pour cela qu’il fut ensuite si amoureux de la vie), qui ne perdit jamais sa pointe d’accent, avait fait un joli tour du métier.
Chanteur (mais oui !) barbu en 1970, sur une musique d’Éric Charden, avec cet étonnant Moi je lègue, une vraie rareté (il faut oser débuter un couplet par Moi je lègue, moi je lègue / Mes trois bouts de savon / À mon beau-père et à sa guenon !) où se mêlent son humour, sa tendresse et son talent de bruiteur pour imiter la trompette :
Animateur de radio (Europe 1, France-Inter…), le voici en compagnie d’Annick Beauchamps (ils étaient ensemble aux commandes de l’émission « Le Bon Coin », déjà…) et du producteur Bernard Grand (la première repose à Meudon, le second à Ymeray, en Eure-et-Loir).

Il fut aussi un visage familier du petit écran (par exemple sur Canal+, à la création de la chaîne) et avait lui-même publié ce cliché où il pose (précisions qu’il n’était pas seulement fou de jazz et de blues mais aussi de rugby), à la manière d’une équipe d’Ovalie, avec ses copains Jean-Pierre Rives mais aussi Roger Zabel, Philippe Gildas et… Antoine Blondin. Vous l’aurez reconnu : il est le deuxième debout, en partant de la gauche.

Celui qu’on surnommait Balou n’avait visiblement pas cherché à s’incruster dans un univers qu’il savait par trop factice et s’était retiré dès l’an 2000 sur sa terre natale, auprès de ses quatre filles et de ses petits-enfants. Je crois qu’il y fut très heureux.
Il nous a quittés le 12 août dernier, pas la meilleure période pour faire parler de soi mais en l’occurrence le silence des médias se révéla plutôt assourdissant, et fut crématisé. Une ultime remarque : ne pensez-vous pas qu’il mériterait, quand tant d’autres en bénéficient, une petite page sur « Wikipédia » ?