Il fut une immense vedette au tournant du XXè siècle mais qui à part quelques esprits inactuels, dont je suis (le virus m’ayant été transmis par Jean-Christophe Averty et ses « Cinglés du music-hall »), connaît et même écoute aujourd’hui encore Paulus (1845-1908) ?

Né à Saint-Esprit (alors dans le département des Landes mais devenu un quartier de Bayonne en 1857) sous le nom de Jean-Paulin Habans, ayant grandi et débuté sa carrière à Bordeaux, il connut un vif succès à Paris au point de devenir un des plus grands noms du café-concert, le légendaire « caf’ conc' », qui vivait alors son apogée.

Il mit, par exemple, en musique un texte d’Aristide Bruant, La Chaussée Clignancourt,

interpréta Jules Jouy (Derrière l’omnibus),

mais surtout, surtout, créa en 1886 l’hymne boulangiste En revenant de la Revue, modifiant le soir du 14 juillet à la Scala la fin du refrain (le texte de Delormel et Garnier citait le général Négrier) pour entonner : Moi j’faisais qu’admirer / Not’ brav’ général Boulanger !

Voici la version de Georgius en 1949.

Dans les années 1890, Paulus était si célèbre qu’il triomphait à l’étranger, à New York comme à Saint-Petersbourg !
Crédité de plus de 2000 chansons, il fut également propriétaire de Ba-Ta-Clan où il accueillit les débuts de Fragson mais présenta aussi Buffalo Bill.

Qu’attend-on pour exhumer un de ses titres qui, par les temps que nous vivons, pourrait fréquemment être entonné dans la rue, Tous en grève ?

Pour mesurer son importance, cet extrait de l’indispensable ouvrage de Serge Dillaz, La Chanson sous la Troisième République (1870-1940), publié en 1991 aux éditions Tallandier :
Ainsi, c’est au sein des nouveaux rapports auteur-public engendrés par l’apparition du caf’conc’ qu’éclate le rôle primordial de l’interprète. La chanson y trouve enfin sa destination véritable qui est d’être présentée sur une scène, lieu privilégié où se conjuguent l’ombre et la lumière, la voix et le physique, le costume et le geste…
Avec Paulus, celle-ci glissera inéluctablement vers une nouvelle phase de son évolution. Avec lui, l’interprète fait officiellement son entrée dans l’ère du star system et du rêve. Ses caprices, son abattage tapageur, ses cachets fabuleux concourent à façonner l’image des futures idoles de la chanson.

Mort il y a aujourd’hui cent quinze ans, le 1er juin 1908, à Saint-Mandé, il repose au cimetière Sud de la ville (qui a la particularité d’être situé à Paris, dans le XIIè arrondissement).

Son nom d’artiste peut encore s’y déchiffrer, mais par qui ?