Nous aurions pu ce soir évoquer Jorge Amado, le grand écrivain brésilien qui était né le 10 août 1912 et qu’on crématisa en 2001.

Ou encore les souverains d’Espagne dont l’étonnant Panthéon se niche, depuis Charles-Quint, au coeur du palais de l’Escurial, lui-même bâti en forme de gril pour rappeler le martyre de saint Laurent et dont le 10 août célèbre la mémoire. Le jour venu, on y conduira les dépouilles du roi Juan Carlos et de la reine Sofia mais il faudra ensuite réaménager le lieu où plus une place (la salle ne compte que vingt-huit alcôves dont vingt-six sont occupées) ne sera disponible.

Je préfère en ce jour rappeler la pire tragédie de l’histoire du métropolitain parisien survenue dans la soirée du 10 août 1903, à la station « Couronnes », où un incendie provoqua la mort de 84 personnes. Piégées par la fumée venant du tunnel (une rame incendiée avait été évacuée et poussée vide vers son dépôt mais le feu reprit à « Ménilmontant »), les victimes moururent pour la plupart asphyxiées sur le quai espérant gagner la sortie… qui se trouvait à l’autre extrémité ! On expliqua qu’elles avaient perdu un temps précieux en exigeant sur la quai le remboursement de leur billet. Aucune plaque ne rappelle ce drame sur le mur maudit (au bout du quai, direction « Nation ») que les passagers ne remarquent pas. Pour ma part, je ne traverse jamais la station sans y penser. Et suis toujours ému de retrouver les sépultures d’une ou plusieurs victimes de la catastrophe comme ce père et son fils inhumés à Châlus (la commune où Pierre Desproges venait enfant chez sa grand-mère qui y tenait un bazar), en Haute-Vienne, Léon et Julien Nicolas, âgés de 42 et 10 ans, qu’un joli de médaillon de porcelaine comme on en voit tant dans la région, fait mourir un jour trop tôt, le 9 août (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Plaque_tombale_Léon_et_Julien_Nicolas.jpg).

Les morts du métro « Couronnes » étaient quasiment tous de condition modeste. Peut-être estima-t-on qu’il n’était pas nécessaire de leur ériger un mémorial ? À moins qu’on n’ait préféré occulter ce drame qui risquait de ternir l’image du métropolitain naissant…

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