Il fut un des êtres que Proust aima le plus. Le signataire avec lui du fameux pacte d’amitié sacré dont Antoine Bibesco, qui survécut longtemps aux deux autres, était le troisième et dernier membre.

Adepte comme lui de ce que l’écrivain nommait le « bimétallisme » (à l’inverse de Bibesco), diplomate dont on retrouve une part du caractère dans le personnage de Saint-Loup, Bertrand de Fénelon, de sept ans la cadet de Proust, mourut en héros dans les derniers jours de 1914.

Jean-Yves Tadié, dans sa magistrale biographie (Gallimard, 1996) de l’auteur de La Recherche, écrit :
Par une ironie tragique, c’est à la même date que Proust apprend la disparition de Bertrand de Fénelon ; le 17 février, sa soeur, la marquise de Montebello, lui écrit qu’un officier a vu Bertrand tomber mortellement blessé, mais Marcel refuse encore de croire à la vérité : « Je pense tellement à lui que m’étant endormi un instant je l’ai vu, je lui ai dit que je l’avais cru mort. Il a été très gentil. » Bibesco vient le voir au début de mars et ne lui laisse plus d’espoir : c’est « en entraînant sa section qu’il a disparu », comme Saint-Loup. Comme lui son courage ne se mêlait d’aucune haine. Grand connaisseur de la littérature allemande, il ne rendait pas « l’Empereur » responsable de la guerre : « Que cette vue soit erronée est fort possible. Elle n’en témoigne pas moins, jusque par son erreur, que le patriotisme de ce héros n’avait rien d’exclusif et d’étroit. Mais il aimait passionnément la France. »

À travers la porte d’une chapelle funéraire, voici, un siècle après, ce que l’on peut découvrir sur le mur intérieur :

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