Le 1er septembre 1970 mourait François Mauriac dont le nom prestigieux suivait, dans la nécrologie de l’année, ceux des chanteurs Luis Mariano et Theo Sarapo. Viendrait ensuite, mais qui pouvait s’en douter, un terrible automne qui emporterait, entre autres, Bourvil, Jean Giono, Edmond Michelet, Edouard Daladier et, enfin, le général de Gaulle.
Le premier réflexe à qui souhaite s’incliner sur la tombe de Mauriac est de porter son regard et ses pas vers le domaine de Malagar (Gironde), tant chéri par l’écrivain. En fait, ce dernier est allé s’enfouir dans la terre de l’ancien pays de France, précisément à Viarmes (Val d’Oise). Ne pas chercher trace de son fils Claude, enterré, lui, à Montparnasse. Toutefois, le détour par Malagar est à recommander car l’ancienne propriété de Mauriac est située sur la commune de Saint-Maixant qui jouxte le village de Verdelais où repose Henri de Toulouse-Lautrec ! C’est ainsi : le peintre n’a sa tombe ni à Montmartre ni à Albi (Albi où il est inutile de chercher la cendre de Jean Jaurès, depuis longtemps au Panthéon) mais dans un authentique sanctuaire marial dont l’euphonie du nom, Verdelais, reflète mal son penchant pour l’absinthe et les alcools forts.
En revenant à Mauriac, je pense à la monumentale biographie que Jean-Luc Barré lui a récemment consacrée et où il est longuement question du goût de l’écrivain pour les garçons. De vague en vague, ma mémoire ricoche jusqu’à cette scène extraordinaire rapportée par Roger Peyrefitte (dans ses Propos secrets) du grand auteur catholique, prix Nobel de Littérature, tentant de séduire, après l’avoir attiré chez lui en l’absence de sa femme, … Jacques Chazot (!) qui confia s’être senti incapable de consommer l’acte… Et parti de Malagar où rôdent les ombres de Thérèse Desqueyroux et du Sagouin, je vois ma trajectoire dériver vers Alet-les-Bains (Ariège) où est inhumé Peyrefitte (l’ennemi juré de Mauriac) et Monthyon (Seine-et-Marne) qui abrite la sépulture du père de Marie-Chantal…