L’expression « grand second rôle » dont se gargarisent les critiques de cinéma semble avoir été créée pour lui. Le comédien Aimos, de son nom de naissance Raymond Caudrilliers, enchanta la pellicule durant un de ses âges les plus fastes, celui où elle devint parlante. Il traversa ainsi les années 30 d’un tournage à l’autre (près de 90 films à son actif dans cette seule décennie !) sans donner l’impression de souffler. En 1938, impossible de lui échapper, il apparaît dans vingt productions différentes ! Parmi tout cela, quelques nanars de haute volée qui supporteraient mal aujourd’hui d’être tirés de la poussière, de nombreux films encore prisés des cinéphiles et surtout deux joyaux, La Bandera (1935) et La Belle Equipe (1936) dont il reste l’inoubliable Tintin.

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Lui, l’incarnation du parigot, était picard, natif de La Fère (1891). Signalons qu’à une époque où de telles initiatives étaient rares, il avait ouvert un restaurant, rue Montmartre, destiné à nourrir les enfants pauvres de la capitale. Quant à sa mort, elle fut digne d’un film : engagé dans les FFI lors des combats pour la Libération de Paris, il fut abattu le 20 août 1944, sur une barricade de la rue Louis-Blanc. L’affaire demeura trouble : on évoqua aussi bien un tir allemand qu’une vengeance du Milieu avec lequel il avait des accointances.

 

 

 

On l’enterra au cimetière de Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne) sous un monument banal où seul figure son nom d’artiste. À défaut de fleurs, qu’il reçoive au moins notre souvenir.

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