Au magnifique cimetière du Grand-Jas de Cannes, la tombe de Prosper Mérimée, mort le 23 septembre 1870, a intrigué l’écrivain Charles Dantzig qui confia ainsi son trouble dans sa monumentale Encyclopédie capricieuse du tout et du rien : Sur la dalle, deux plaques. L’une de « la ville de Cannes et la Société culturelle méditerranéenne » pour le centenaire de sa mort. L’autre, étrange. C’est une de ces vilaines plaques qui figurent un livre ouvert. Page de gauche : « Le pardon et l’amour » : page de droite : « de Georges Sand ». Sand faisant déposer une plaque sur la tombe de Mérimée ? D’ailleurs, le marbre est beaucoup moins corrompu que la plaque de 1970, et la dorure fraîche. Et la faute d’orthographe à George. Qui a fait cela ?

Je ne peux apporter de réponse à cette interrogation. Les cimetières sont ouverts à tous et chacun s’y trouve libre de déposer ce qu’il souhaite sur une tombe. Toutefois je m’avoue touché d’apprendre que l’auteur de Carmen attire encore des pèlerins qui délaissent la Croisette le temps de lui rendre visite. Mais n’est-il pas naturel devant la cendre de Mérimée de se demander qui a offert cette plaque et par quel motif ce don fut dicté ?

Malheureux Mérimée qui ne put survivre à la chute de l’Empire et dont la demeure parisienne, rue de Lille, flamba pendant la Commune avec tous ses souvenirs personnels. Lui qui, nommé inspecteur général des monuments historiques, avait tant bataillé pour sauver ce qu’on ne nommait pas encore le patrimoine. Quels tourments avait-il affrontés pour se choisir comme devise Souviens-toi de te méfier ?

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