L’inclassable duo musical anglophone Dead Can Dance (initiales DCD mais ce n’est pas seulement pour cela que je les cite) est, comme on dit, de passage en France (au Grand Rex, après-demain soir) à l’occasion de la sortie d’un nouvel opus, Anastasis. Leur disque précédent datant de 1996, on ne leur reprochera pas d’envahir les antennes ni d’encombrer les ultimes linéaires dédiés à la production discographique.
À l’été 1987 avait paru Within the realm of a dying sun, oeuvre ambitieuse autant que mortifère dont la pochette s’ornait d’une photographie en noir et blanc montrant la chapelle de François Raspail au Père-Lachaise, célèbre pour la statue d’Etex qui représente la femme du savant et homme politique républicain, décédée avant lui, drapée dans un suaire, déjà fantomatique, tendant la main vers les barreaux de la prison où croupit l’homme qu’elle aime et qu’elle ne reverra plus. Il y avait eu, durant plusieurs mois, un engouement de la part de leur public à venir dénicher le tombeau en question. Jamais le tombeau de Raspail ne fut davantage photographié que grâce à Dead Can Dance.
Méditons l’exemple. Alors qu’on nous annonce le prochain retour sur scène de la plus morbide de nos chanteuses, Mylène Farmer, incitons-la à venir prendre la pose devant la tombe de Cherubini ou le cénotaphe de Gaspard Monge. Et qui sait, peut-être aurons-nous oeuvré à retarder la glissade vers l’oubli de l’auteur de la Messe de requiem à la mémoire de Louis XVI ou du père de la géométrie descriptive…

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