Ce soir, la victoire si nette de Yannick Agnel (tenons-le à l’écart des petits cochons, qu’ils n’aillent pas le dévorer, les grands champions sont rares et ceux qui adorent Nabokov encore plus) fut d’autant plus splendide qu’elle s’inscrit dans le temps soixante ans jour pour jour après le triomphe de Jean Boiteux dans le 400 mètres nage libre.

Ce 30 juillet 1952, il devenait, à Helsinki, le premier, et pour fort longtemps (52 ans) le seul, champion olympique français de natation. Moment fort en soi mais qui entra dans la légende à la seconde où la course s’acheva.
L’image tourna en boucle dans les cinémas du monde entier, lors de la séquence des « Actualités » : ne pouvant attendre pour le serrer dans ses bras, son père, Gaston Boiteux, béret vissé sur le crâne, plongea dans le bassin tout habillé étreindre le vainqueur ! Le tout sous le regard ébahi, amusé et finalement ému des officiels et du gratin des Finnois.
Jean Boiteux, qui fut ensuite dirigeant et se passionna toujours pour son sport, aurait dû être encore parmi nous aujourd’hui (il était né en 1933) si un accident (il tomba d’une échelle alors qu’il taillait des arbres) ne lui avait été fatal au printemps 2010. Il est inhumé dans les Bouches-du-Rhône, au cimetière de La Ciotat.
Que notre nouveau champion olympique n’ait pas à attendre d’être chenu pour saluer ses successeurs. Et nous, associons le souvenir de Jean Boiteux enlaçant son paternel à la belle image de cette soirée où, au sortir d’une piscine aussi redoutable qu’une fosse aux lions, s’accomplit le miracle d’Agnel.

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