Le 4 avril 1908 naissait Alfred ADAM (1908-1982).

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C’est avec lui qu’Yvan Foucart ouvre son monumental Dictionnaire des comédiens français disparus (éditions Cinéma, 2008) rappelant qu’après avoir été élève de Louis Jouvet au Conservatoire, il mena une carrière de près d’un demi-siècle partagée entre le cinéma (près de 80 films en débutant, excusez du peu, par le personnage du boucher de La Kermesse héroïque, en poursuivant avec Duvivier, Delannoy, Visconti, et avec une antépénultième apparition dans un autre rôle costumé, celui du maréchal de Villeroy dans Que la fête commence), le théâtre (dans un large spectre d’auteurs, de Shakespeare et Molière à Marc Camoletti en passant par Feydeau, Giraudoux ou Anouilh) et la télévision (il joua le général Cambronne dans la série Schulmeister, l’espion de l’empereur).
Il écrivit également la pièce Sylvie et le Fantôme, que Claude Autant-Lara adapta pour le cinéma, ainsi que les dialogues de La Belle Américaine, le célèbre film de Robert Dhéry.

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Second rôle populaire, de la génération des grands parigots (il avait six mois de moins que Raymond Bussières qui mourut une semaine avant lui), il dut, au théâtre, ses plus beaux rôles classiques à son meilleur ami, Pierre Dux (né comme lui en 1908) qui raconte dans Vive le théâtre ! (Stock, 1984) :
J’adorais les chemins de fer, les gares, les locomotives. Avec Alfred Adam, mon plus vieil ami, nous allions sur les quais de gares admirer de près les machines.
Et aussi les circonstances de leur rencontre, lors des tournées minables de leurs débuts :
Nous jouions beaucoup de pièces à costumes et les personnages qu’on me confiait étaient parfois des vieillards. J’en jouais souvent plusieurs dans la même pièce. J’avais donc appris à me grimer et à me fabriquer des moustaches et des barbes avec du crêpé. On ne songeait d’ailleurs pas à rendre les maquillages invisibles et il était courant qu’un acteur arbore sur un visage rose un front de perruque maquillé à l’ocre jaune. Foin du réalisme.
Un jour que dans une de ces représentations de province je devais jouer un personnage de vieux, je me trouve dans la même loge qu’un jeune acteur aux prises avec le même problème de vieillissement et qui contemplait sans joie sa boîte à maquillage. Nous décidons alors de nous maquiller l’un l’autre, ce qui pour chacun de nous était plus facile. Et nous voilà nous traçant réciproquement sur le front, les tempes, le cou des rides et des grillages destinés à nous faire crouler sous les ans et qui nous faisaient surtout crouler de rire. Cette camaraderie du bâton de fond de teint était le commencement d’une rare et profonde amitié, qui n’a jamais cessé entre Alfred Adam et moi.

Anecdotes reprises dans ce bel hommage que la télévision lui rendit lors de son décès (car il fut un temps où la télévision aimait à parler théâtre).

Personnage du quartier de Montmartre où sa silhouette pittoresque (long manteau et grand chapeau) était connue de tous, il n’y fut pas inhumé, comme pour ne pas y croiser un homonyme célèbre en la personne du compositeur Adolphe Adam.

C’est au cimetière ancien d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), sa commune de naissance, qu’il repose dans cette tombe d’aspect modeste mais encore entretenue.

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Si ce temps de confinement vous pèse, offrez-vous deux heures de pure nostalgie avec cette Puce à l’oreille (signée, bien sûr, Feydeau) en noir et blanc où il interprète le docteur Finache auprès de Pierre Mondy, Louis de Funès, Robert Manuel, Jess Hahn, Marthe Mercadier et tant d’autres… C’est ce genre de bonheur qu’offrait la télévision en… 1956.

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