Le 4 décembre 1923 mourait Maurice Barrès.
Difficile aujourd’hui d’imaginer la gloire qui alors était la sienne et combien ses trilogies romanesques du Culte du moi et du Roman de l’énergie nationale marquèrent deux générations (de l’influence qu’il eut, par exemple, sur la formation intellectuelle d’un François Mitterrand, tout n’a pas encore été dit).
Célébré de son vivant comme le « prince de la Jeunesse », provoquant lors de sa réception à l’Académie française (1907) un engouement que peu suscitèrent, salué durant la Grande Guerre comme le chantre du nationalisme et de l’attachement à la patrie, il eut droit, et cela n’étonna personne sur le moment, à des obsèques nationales.
Selon son désir, sa dépouille fut ramenée vers sa terre natale et inhumée dans la sépulture familiale de Charmes (Vosges).
Aujourd’hui que le temps a passé et que d’autres jeunesses ont couronné d’autres princes, la postérité ne fait plus cas de son oeuvre et retient de son action politique un aveugle jusqu’au-boutisme. On rappelle que le pacifiste Romain Rolland (inhumé à Brèves, dans la Nièvre) le surnommait le « rossignol du carnage » et que les dadaïstes l’avaient condamné lors d’un procès fictif en 1921 à vingt années de travaux forcés.
Avec lui reposent son fils, Philippe Barrès (1896-1975), journaliste, résistant, longtemps proche du général de Gaulle, et son petit-fils, Claude Barrès (1925-1959), également résistant, devenu militaire, mort pour la France en Algérie.
À Sion (Meurthe-et-Moselle), au sommet de la « Colline inspirée », lui est dédié un grand monument en forme de lanterne des morts (inspiré par celle de Fenioux, en Charente-Maritime) qui domine l’horizon et sur lesquels ces mots sont gravés :
L’horizon qui cerne cette plaine
C’est celui qui cerne toute vie
Il donne une place d’honneur
À notre soif d’infini en même temps
Qu’il nous rappelle nos limites.
(La Colline inspirée)
Honneur à ceux qui demeurent
Dans la tombe les gardiens
Et les régulateurs de la cité
(Le Mystère en pleine lumière)
Au pays de la Moselle
Je me connais comme un geste du terroir
Comme un instant de son éternité
Comme l’un des secrets que notre race
À chaque saison
Laisse émerger en fleur
Et si j’éprouve assez d’amour
C’est moi qui deviendrai son coeur
(Les Amitiés françaises)