Le 6 août 2001, quatre jours avant de fêter son anniversaire, mourait à Salvador Jorge Amado (1912-2001).
S’il connut l’exil forcé, d’abord en Argentine et Uruguay, puis au début des années 50 (lorsque le Parti communiste brésilien fut déclaré illégal) en France, Tchécoslovaquie et URSS, impossible d’imaginer ailleurs que dans l’État de Bahia la sépulture de celui qui fut le chantre des déshérités de sa région natale (Bahia de tous les saints).
Dernière demeure originale, et bien cachée : l’auteur de Dona Flor et ses deux maris a choisi de reposer chez lui, à Salvador, dans le jardin de sa maison nichée sur les hauteurs du quartier Rio Vermelho.
L’endroit, désormais une Fondation ouverte au public (depuis novembre 2014) et visant à favoriser le développement de la production littéraire bahianaise, célèbre le couple que formèrent de 1945 à sa mort Amado et Zélia Gattai (1916-2008), photographe et écrivaine, sa seconde épouse, avec beaucoup de poésie, de tendresse, d’humour (sa collection de grenouilles) mais aussi de sensualité (on découvre ainsi leur chambre à coucher dans un espace intitulé « Amoureux et amoureuse »).
Vêtements, livres, films, témoignages, récompenses font de ce lieu une des plus belles maisons d’écrivain que j’eus la chance de visiter.
Point d’orgue de mon pèlerinage, la tombe, invisible à qui ne sait pas, de ce couple que la mort seule, mais la chose est incertaine, aurait séparé : leurs cendres ont été dispersées en un endroit extrêmement précis de leur jardin tropical situé en bordure de la rue : entre les petits deux bancs ornés d’azulejos visibles sur la photo (Je suis assis avec toi sur le banc d’azulejos, à l’ombre du manguier, attendant que la nuit vienne couvrir tes cheveux d’étoiles, Zélia de Euá, enveloppée de lune, donne-moi ta main, souris-moi, je me réjouis de ton baiser…).