Vingt-trois ans après Rachel était née Sarah Bernhardt.
Vingt-trois ans après Sarah Bernhardt naissait, le 6 février 1867, Segond-Weber.
Ces trois grandes tragédiennes reposent au Père-Lachaise mais la troisième a plus vite glissé vers l’oubli que ses devancières. –

Caroline-Eugénie Segond-Weber, dite Mme Segond-Weber (1867-1946) triompha pourtant pendant plus d’un demi-siècle à la Comédie-Française.

-2283.jpg

-2284.jpg

Au Père-Lachaise, sa sépulture (chemin Molière et La Fontaine, 24è division) est fort rarement fleurie ou photographiée. Ingratitude d’un public persuadé que le monde est né avec lui.

-2282.jpg

Michel Georges-Michel (qui devait mourir centenaire en 1985 et repose au cimetière Montparnasse) ne l’a pas épargnée dans son Demi-siècle de gloires théâtrales (éditions André Bonne, 1950). Il est vrai que la malheureuse était morte cinq ans avant la parution du livre…

… vers la fin de sa carrière, elle avait tant « assoupli » sa voix, elle donnait tant de valeur à chaque mot que chaque mot, après une hésitation de plusieurs secondes, durait près d’une minute. Et parfois le spectateur se demandait s’il ne devenait pas fou, ou elle, ou toute la salle.
Après la représentation d’une tragédie de l’ancienne Grèce, où, durant un quart d’heure Mme Weber était demeurée littéralement accroupie sur une pierre, le menton sur ses poings, et, disons-le sans méchanceté, dans l’attitude d’une personne peinant sur une chaise percée, j’allai la voir.
– Eh bien, comment m’avez-vous trouvée ? me demanda-t-elle.
– Bien, Weber, bien. Mais…
– Dites, dites…
– Sans doute, ne vous rendez-vous pas compte de l’effet… Pourquoi demeurez-vous ainsi, accroupie sur cette pierre… ?
Alors, encore vêtue de sa robe de l’ancienne Grèce, elle me fit cette réponse magnifique :
-Mais, mon cher, il faut « jouer moderne »…

Related articles