Willy (Henry Gauthiers-Villars, dit), le premier mari de Colette, était né le 8 août 1859 ; on l’inhuma en 1931 au cimetière Montparnasse mais ce n’est pas le sujet du jour. Quant à Colette elle-même, ses obsèques nationales (mais non religieuses) se déroulèrent le 7 août 1954, la menant au Père-Lachaise après une impressionnante cérémonie dans les jardins du Palais-Royal où ce qu’il est convenu d’appeler la foule des anonymes avait défilé devant son catafalque et entendu l’éloge de plusieurs orateurs.

De la tombe de Colette, si proche de l’entrée principale et si facile à trouver qu’elle constitue souvent la première étape du pèlerinage touristique père-lachaisien, partons en remontant le temps (ce privilège qui proclame la supériorité de l’esprit sur le corps) vers son pays d’enfance, la terre de la Puisaye. Sa maison natale se voit encore, et se visite, à Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans l’Yonne, autrement dit en Bourgogne. En revanche, si l’on se fie au découpage administratif, c’est dans la région baptisée « Centre » (les responsables du cadastre ont de l’imagination…) qu’on trouve le caveau funéraire de ses parents, à Châtillon-Coligny (Loiret), berceau de la famille Becquerel (la chapelle où repose Henri, à qui fut décerné le prix Nobel de Physique 1903, n’a rien d’ostentatoire et paraît n’avoir plus reçu de visites depuis fort longtemps). Il faut ensuite avoir l’oeil et marcher d’une allure modérée pour remarquer sur le côté d’une pierre tombale semblable à tant d’autres, les petites plaques blanches qui signalent les présences des parents de l’écrivain mais aussi ses frères, Achille et Léopold. Ici dorment donc Sido (morte il y a un siècle tout juste) et son mari, le capitaine, dont on ne peut pas dire, comme dans le poème de Toulet, qu’il n’était jamais là puisqu’après avoir perdu une jambe en affrontant les Autrichiens à la bataille de Melegnano, durant la campagne d’Italie, il était devenu, par la force des choses, un percepteur sédentaire. Il aimait s’isoler dans son bureau pour écrire une importante œuvre littéraire. A sa mort, on découvrit qu’il n’avait jamais dépassé la première page…

Tombe des parents de Colette

Lorsqu’on a la chance de connaître les sépultures des grands auteurs, il n’est jamais indifférent de chercher celles de leurs intimes morts avant eux, les grands-mères de Proust ou Céline, la soeur de Balzac, la fille de Victor Hugo, l’amie d’enfance de Michelet, le frère d’armes de Maurice Genevoix…, qui ont nourri leur œuvre. Tombes investies de la mission la plus haute : aider à accepter la séparation et en faire jaillir une parole féconde.

A ce sujet, ne pas quitter le cimetière de Châtillon-Coligny sans méditer cette sentence gravée dans la pierre :

A Chatillon Coligny

A Chatillon Coligny

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