Le 13 juillet 1937, il y soixante-quinze ans, le public découvrait Guernica au Palais du Trocadéro.
Présenté au Pavillon espagnol dans le cadre de l’Exposition internationale des Arts et techniques, le tableau d’une dimension exceptionnelle (trois mètres cinquante sur huit) témoigne, on le sait, du bombardement de la petite ville de Biscaye par la Luftwaffe, le 26 avril 1937.
Picasso l’a peint en deux mois dans son atelier parisien du 7 rue des Grands-Augustins, la maison même où Balzac avait situé, un siècle plus tôt, Le Chef-d’oeuvre inconnu, admirable réflexion sur la peinture (voir le film de Jacques Rivette, La Belle Noiseuse).
Selon la légende (aucune source sérieuse ne confirme la scène), l’ambassadeur d’Allemagne venu visiter Picasso (les officiers nazis le harcelaient afin de savoir où se cachaient ses amis juifs) se serait vu remettre par l’artiste une carte postale de Guernica et lui aurait dit, ironique : « Ainsi, vous avez fait cela, monsieur Picasso ? ». Avant de recevoir une réponse cinglante : « Non, c’est vous ! ».
Aujourd’hui exposé au Centre d’art Reine Sofia de Madrid, Guernica, qui prouve la filiation entre Goya et Picasso, est reconnu comme le plus célèbre tableau du XXè siècle.
Mort le 8 avril 1973, Picasso fut inhumé en son château de Vauvenargues (Bouches-du-Rhône), enveloppé dans une cape noire espagnole que Jacqueline, sa dernière épouse, lui avait fait confectionner par la Casa Sesena de Madrid. J’emprunte les lignes qui suivent à l’ouvrage de Pépita Dupont, La Vérité sur Jacqueline et Pablo Picasso (le cherche-midi éditeur, 2007) :
Vers dix heures du matin, le convoi arrive devant la grille du château. Il faut déblayer l’allée couverte de neige, pas moins de un mètre, pour pénétrer à l’intérieur.
Les maçons ont commencé à creuser devant le grand escalier de l’entrée principale du château. C’est là, sous un tertre en gazon, que Pablo sera inhumé.
Le cercueil de Pablo est placé dans la salle des gardes, juste devantla cheminée aux têtes de lion, au pied des deux lévriers en plomb grandeur nature du XVIIIè siècle.
Six jours et six nuits elle veille son mari « Je me suis allongée à côté de lui. » Le matin du 17 avril, Jacqueline, revêtue de la même cape espagnole que Pablo, tombe à genoux devant le cercueil, l’embrasse une dernière fois avant de le voir disparaître. Paulo est là aussi. Aucune inscription. Rien. La couronne mortuaire envoyée par Dali passera par l’une des fenêtres du château. « Je déteste les couronnes, quelle horreur. » Jacqueline remplira les pièces de fleurs fraîches. Plus tard, un bronze de Picasso, La Femme au vase, sera posé au centre du tertre.
Jacqueline, qui se suicida en 1986, repose au côté de son mari. Paulo, fils que le peintre avait eu de sa première épouse, Olga, est enterré à Montparnasse. Longtemps, ses amis avaient cru Picasso immortel et Cocteau avait eu le mot le plus juste : Si la mort ose le prendre…
Depuis peu, le château est accessible sous certaines conditions.
Pour visiter le château de Vauvenargues réservations sur le site http://www-chateau-vauvenargues.com. Uniquement pour les groupes, tél 04.42.38.11.91