Le 2 août 1921, Enrico Caruso, l’insurpassable, mourait d’une septicémie à Naples, la ville qui l’avait vu naître seulement 48 ans plus tôt. De sa voix prodigieuse demeurent d’innombrables enregistrements (une part notable de sa gloire est due à cette fécondité) qui bouleversent les mélomanes. Enfant du pavé napolitain devenu richissime, ce voyageur inlassable, fauché par la maladie alors que sa fille Gloria n’avait que deux ans, eut un destin d’exception.

Au cimetière Santa Maria del Pianto, le « Ténor du siècle » repose dans une chapelle massive et hermétique qui attire encore nombre de pèlerins. Figure de légende, dont le patronyme est devenu le symbole même du bel canto, on ne se fait guère de souci pour sa postérité. Si plus personne aujourd’hui ne peut sans doute se targuer l’avoir applaudi, des millions d’hommes et de femmes savent qui il est. Beaucoup n’ont jamais entendu sa voix mais connaissent au moins la chanson populaire que lui consacra Lucio Dalla.

Dans ce beau cimetière dont l’unique allée serpente à la manière d’un col en montagne (la chapelle Caruso se trouve du reste dans un virage serré), seul l’acteur Totò, mais dont la gloire n’est que transalpine, reçoit autant de visites que lui, preuve qu’on ne chante ni ne joue la comédie nulle part mieux qu’à Naples.

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