Le 1er avril 1944, dans la forteresse de Karlsruhe (Allemagne), étaient fusillés des résistants français, membres du réseau Alliance.
Parmi eux, le jeune comédien Robert LYNEN (1920-1944) dont ce 24 mai 2020 marque le centenaire de la naissance.

-3186.jpg

Né dans le petit village jurassien de Nermier (aujourd’hui disparu administrativement car absorbé par la commune voisine de Sarrogna), de parents artistes (un père peintre, qui devait se suicider en 1935, et une mère pianiste) qui avaient choisi d’abandonner leur vie mondaine menée un temps sur la Côte d’Azur pour pratiquer avant l’heure le retour à la nature en cultivant la terre et en élevant des animaux, il avait néanmoins grandi à Paris.

Inscrit par sa mère à l’École des Enfants d’artistes, il avait été repéré par Julien Duvivier (ce dernier, mort en 1967, est enterré au cimetière ancien de Rueil-Malmaison) qui préparait sa seconde adaptation de Poil de Carotte, sept ans après la première. Séduit par le naturel du garçon, il en fit le partenaire de l’immense Harry Baur (inhumé, lui à Montmartre, au petit [cimetière Saint-Vincent) avant de tourner trois autres films avec lui (apparitions certes furtives mais qui lui valurent d’être quand même René, le frère d’Aimos, dans La Belle Équipe, et Milo, le jeune électricien qui apprend le métier auprès de Maurice Chevalier dans L’Homme du jour).

-3183.jpg

-3185.jpg

Devenu l’enfant chéri du cinéma français, Robert Lynen traversa les années trente sur grand écran (sept films pour les seules années 1937 et 1938), donnant la réplique à Jouvet ou Arletty sans jamais se départir de sa spontanéité. On parlait de lui comme d’une future grande vedette et un club d’admirateurs (et trices) avait même été créé au Japon !

-3187.jpg

-3188.jpg

Adulte au pire moment – il fêta ses 20 ans en pleine débâcle – il rejoignit la Résistance tout en jouant au théâtre et tourna même un ultime film, Cap au large, en 1942.

Arrêté le 7 février 1943 à Cassis, torturé, transféré en Allemagne et emprisonné, il tenta deux fois de s’évader avant d’être condamné à mort avec ses camarades. Un gardien allemand qui assista à leur exécution témoigna :
Les 14 Français qui ont été fusillés le 1er avril 1944, et parmi lesquels il y avait le colonel Flament et le jeune artiste Robert Lynen, sont entrés sur le terrain en chantant La Marseillaise. Ils ont refusé le bandeau et son tombés deux par deux en se donnant la main. Ils regardaient les fusils si courageusement que les Allemands eux-mêmes en furent impressionnés ! (Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, tome 4, octobre 1943 – mai 1944, Robert Laffont, 1976).

Jeté dans une fosse commune, le corps de Robert LYNEN fut exhumé en 1947 et rapatrié au si triste cimetière de Gentilly (appartenant à la commune de Gentilly mais situé sur le territoire parisien, dans le XIIIè arrondissement. Sa tombe se trouve dans le carré militaire et porte l’inscription Mort pour la France le 01-04-1944 à 24 ans.

-3184.jpg

Related articles