Je me souviens que Lazare Ponticelli (1897-2008), qui fut l’ultime survivant des « poilus » de la Grande Guerre, racontait qu’il avait été crieur de journaux dans sa jeunesse et que, place de la Bastille, il avait vendu tout son stock, le lendemain de la mort de Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet 1914 par Raoul Villain. Au café du Croissant (coeur de l’ancien quartier de la presse, dans le IIè arrondissement), un carrelage en mosaïque rappelle la date fatale. D’abord inhumé à Albi, au cimetière des Planques, Jean Jaurès (dont il n’est pas inutile de rappeler que l’assassin fut acquitté par un jury populaire, dans un contexte très nationaliste) fut conduit au Panthéon en novembre 1924.
Or, le jour même où Jaurès tombait sous les balles de Villain, naissaient en France deux petits garçons chacun promis à un destin peu ordinaire…
À Vesoul, Raymond Aubrac qui traversa tout le siècle (n’est-il pas fréquent de dire que le XXè siècle débuta véritablement avec la Première Guerre mondiale?) né avec lui, fut une des hautes figures de la Résistance, et s’éteignit le 10 avril 2012. Ses cendres ont rejoint celles de sa femme, Lucie, au cimetière de Salornay-sur-Guye (Saône-et-Loire).
À Courbevoie, un certain… Louis de Funès de Galarza (tel était son nom complet) qui, bien que mort il y a presque trente ans (janvier 1983) continue d’enchanter de nouveaux jeunes spectateurs à chaque diffusion de ses films. Au cimetière du Cellier (Loire-Atlantique), non loin de son château de Clermont (ancienne propriété des ancêtres de sa femme), le comédien repose sous une croix fichée dans un vaste enclos bordé de buis. Il aimait travailler avec un de ses plus proches amis, Henri Decaë, directeur de la photographie qui, lui, était né le 31 juillet… 1915.
Jean Jaurès, Raymond Aubrac, Louis de Funès… le 31 juillet 2014 (qui marquera, par surcroît, le 70è anniversaire de la disparition d’Antoine de Saint-Exupery) aura charge d’âmes …