Ce 5 août nous écartèle entre le centenaire de la naissance de l’abbé Pierre (1912) et le cinquantenaire de la mort de Marilyn Monroe (1962).
Pas de capillarité apparente entre la robe blanche de Sept ans de réflexion et la soutane du fondateur du Mouvement Emmaüs (l’abbé Pierre et ses longs jupons, persiflait-on en référence à une rengaine de l’année 1948) et pourtant, les deux vêtements devinrent mythiques en 1954. Un triste jour de février, le religieux tonitruant décidait de ne plus se taire (Une femme vient de mourir, gelée…) tandis qu’en septembre, l’actrice laissait le souffle fripon du métro new-yorkais gonfler sa robe blanche au-delà de ce que l’époque tolérait (il fallut tourner à nouveau la scène, en studio cette fois, pour obtenir un résultat jugé plus… décent).
Aujourd’hui, l’abbé Pierre a rejoint ses compagnons d’Emmaüs dans la tombe collective du modeste cimetière d’Esteville (Seine-Maritime) et Marilyn croupit seule dans un enfeu sinistre du cimetière Westwood Memorial de Los Angeles. Hugh Hefner, le fondateur de Playboy, s’est offert la niche voisine pour s’assurer une éternité à son goût; quant à la « meilleure » place (au-dessus de Marilyn), elle avait été acquise par un entrepreneur proche de la mafia qui avait exigé de sa femme d’être enterré sur le ventre (!) mais elle a finalement décidé de l’expulser de son Walhalla pour revendre l’emplacement plusieurs millions de dollars…
Pour l’abbé Pierre, on a gravé la phrase dont il avait décidé de faire son épitaphe : Il a essayé d’aimer. Pour Marilyn, nul n’a songé à inscrire : Elle a essayé d’être aimée.