De sa naissance, le 31 mars (selon le calendrier grégorien) 1872, dans la lointaine province de Perm, à sa mort, à Venise, Serge de DIAGHILEV (1872-1929) n’aura vécu que pour les arts et à défaut d’être un créateur se sera révélé un prodigieux organisateur soucieux de mettre en valeur le talent des autres.

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En 1909, la création de la troupe des « Ballets russes » dont il fut joliment écrit qu’ils étaient considérés comme de souche française mais d’essence russe (Martine Kahane, 1909-1929, Les Ballets russes à l’Opéra, Bibliothèque Nationale / Opéra de Paris / Louis Vuitton, 1992) aura ainsi révélé, entre autres, Anna Pavlova et Vaslav Nijinski.

Homme de caractère à l’effrayante sévérité, travaillant avec les plus grands, il aura régné durant vingt ans en commanditaire de génie sur le monde de la danse. Debussy, Poulenc, Ravel, Satie, de Falla, Prokofiev et, surtout, Stravinsky (L’Oiseau de feu, Petrouchka, Le Sacre du printemps) auront composé pour sa troupe des ballets aux décors et costumes signés Leon Bakst, Derain, Marie Laurencin ou Picasso.

Comme s’il avait pressenti que les années 30 seraient un temps de crise, il aura eu l’ultime élégance de mourir en août 1929, au Lido, précisément au Grand Hôtel des Bains (celui-là même qui inspira Thomas Mann), d’un diabète mal soigné, veillé par son secrétaire et dernier compagnon, Boris Kochno (1904-1990).
Il est mort quand on ne pouvait plus nous distraire, quand toute une génération artistique avait été employée et ne pouvait plus rien inventer. Ce maître du plaisir meurt quand on commence à avoir besoin de souffrir. Ce n’est pas mal. (Maurice Sachs, Au temps du Boeuf sur le toit, Grasset, 1987).

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Au grandiose cimetière San Michele de Venise, tant de fois décrit, peint, chanté, sa sépulture (auprès de laquelle se trouve celle d’Igor Stravinsky) se trouve au fond de la section orthodoxe.
Chaque fois que je me suis rendu sur place, j’y ai vu, outre les fleurs, des ballerines déposées là selon ce rite (pratiqué sur bien d’autres tombes dans le monde) cher aux fidèles de la danse.
Ce jour-là, néanmoins, mon pèlerinage fut unique car la neige, si rare à Venise, transfigurait le lieu. Et semblait envelopper celui qui mourut en exil d’un peu de ciel natal.

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